Encore une vertu insoupçonnée du chocolat
Après le chocolat antidépresseur ou anti-accident vasculaire cérébral, voici une nouvelle surprise: une consommation régulière et modérée de chocolat favoriserait la perte de poids, selon une étude récente
Le «Salon du chocolat» faisait, le week-end dernier, sa première escale suisse. «Enfin!», se réjouit Christina de Perregaux, propriétaire de la célèbre confiserie Honold. «Il était temps que cette manifestation déjà implantée dans vingt capitales et sur quatre continents débarque au pays du chocolat», a convenu l’organisatrice au nom prédestiné, Sylvie Douce.
Durant trois jours, le chocolat a été glorifié sur les bords de la Limmat avec un défilé de robes en chocolat, soixante stands de chocolatiers et confiseurs, des conférences à la «Chocosphère» et de grands maîtres à l’oeuvre aux «Chocodemo». Un nombreux public s’est reconnu dans l’invitation lancée par les organisateurs à «tous ceux qui ne peuvent pas vivre sans chocolat». Avec 12 kilos de consommation annuelle, les Suisses sont les champions du monde.
Or, à en croire une étude de l’Université de Californie publiée la semaine dernière, les visiteurs de l’expo zurichoise et les consommateurs réguliers de chocolat, en général, ne seraient pas des créatures bien enveloppées mais auraient un IMC (indice de masse corporelle) inférieur à ceux qui pratiquent l’abstinence. Une information pour le moins surprenante.
Quoique! Le chocolat est déjà au bénéfice de nombreux apports à notre santé. Rappelons que ses vertus sur la santé cardiovasculaire ont été démontrées. Ses flavonoïdes réduisent les risques d’accidents vasculaires cérébraux. Côté psychisme, son effet antidépresseur s’explique par la sécrétion d’endomorphines, substances euphorisantes et calmantes, qu’il génère. Enfin, ne figure-t-il pas sur la liste des aphrodisiaques?
De là à voir le chocolat figurer parmi les amincisseurs, il y a un pas que viennent de franchir des chercheurs de l’Université de Californie, San Diego. Leur travail est publié dans les «Archives of Internal Medicine» (26 mars 2012). Beatrice Golomb et ses collègues ont mené leur étude auprès de 1018 hommes et femmes sans maladies cardiovasculaires, diabète ou excès de cholestérol. Ils voulaient vérifier qu’une consommation de chocolat modeste mais fréquente pourrait aller de pair avec une réduction de l’IMC.
Leur constat: au sein de leur échantillon, les adultes qui consomment souvent du chocolat ont effectivement un IMC plus faible que ceux qui en consomment moins souvent. Avec ou sans ajustement avec la pratique d’un exercice physique, l’âge ou autre facteur confondant, la fréquence de consommation de chocolat prédit un IMC inférieur de 14 à 20%.
Pour expliquer ce phénomène, les scientifiques relèvent que si le chocolat est très calorique, il contient des substances de la famille des polyphénols qui favorisent la perte de poids plutôt que la formation de graisse. «Nos résultats indiquent que la composition des calories et non uniquement leur nombre a une portée réelle sur le poids des individus», souligne le Dr Golomb.
Parmi les réactions suscitées par cette publication dans le monde médical, la comparaison avec «le paradoxe français» est fréquente. Y aurait-il un «paradoxe du chocolat», se demandent certains commentateurs. Ce qui est bon n’est pas forcément mauvais pour la santé…
Avant de se jeter sur les oeufs ou lapins de Pâques, reste à préciser que par chocolat, il faut entendre du chocolat noir (dès 60%), et qu’environ 30 grammes par jour ne devraient pas être dépassés.
Geneviève Grimm-Gobat