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jeudi 14 juin 2012

Alain Berset veut proposer un vrai congé parental


Le conseiller fédéral confie ses projets pour les familles suisses. Le socialiste rêve d’un modèle plus favorable aux parents et dit toute l’injustice que lui inspirent les enfants en situation de pauvreté. 



Le conseiller fédéral Alain Berset veut marquer la politique familiale de son empreinte de jeune papa.
Image: Laurent Crottet



Alain Berset, ce 14 juin marque les 41 ans du droit de vote des femmes ainsi que les 31 ans de l’entrée en vigueur du principe de l’égalité des chances hommes-femmes dans la Constitution fédérale. Un principe fantasmé ou vraiment réalisable?

D’abord, c’est un principe très important. Il a fallu très longtemps dans notre pays pour que les femmes aient le droit de vote. On travaille toujours à la mise en œuvre du principe d’égalité. Nous avons eu un débat important au Parlement la semaine dernière sur l’article constitutionnel sur la famille, qui va nous permettre de poursuivre dans les questions d’égalité.

Au-delà des déclarations d’intention, avez-vous des propositions concrètes?

Oui, il y a des choses très concrètes. Cet article constitutionnel sur la famille porte précisément sur la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle, respectivement la formation. Avec lui, nous aurions la base pour un congé parental. C’est un élément très important. Des travaux sont en cours dans mon département pour examiner les possibilités d’action. Il y a eu un débat pendant un certain temps sur un congé paternité ou un congé parental. Je crois que c’est vraiment la voie du congé parental qu’il faut suivre. Je souhaite qu’on puisse avancer de manière concrète dans cette direction.

En quoi consisterait ce congé parental?

Substantiellement, il s’agit pour les femmes et les hommes d’avoir la possibilité d’envisager ensemble le développement d’une famille. Moi, j’ai quand même encore vécu une situation dans laquelle, à la naissance de mes enfants, je n’ai eu qu’un seul jour de congé!

Et cet état de fait doit changer?

Cela doit changer, mais ça ne peut changer qu’avec un vrai débat politique sur la place qu’on veut donner, dans le fond, à un développement harmonieux des familles. La politique, c’est accompagner les évolutions de la société, leur donner un cadre, en respectant l’égalité entre les différents types de situation familiale ou professionnelle. Si un congé parental peut se développer, il est important qu’il soit socialement acceptable et financièrement supportable.

Que pensez-vous du modèle d’une épargne privée type 3e pilier?

Le modèle auquel vous faites référence est un modèle de financement par de l’épargne défiscalisée. C’est celui que nous sommes en train d’étudier. Mais il n’y a pas d’égalité des familles face à la possibilité d’épargner pour un congé parental. Il y a d’autres modèles possibles. L’essentiel, à mon sens, reste l’objectif. Il faut avoir des bases, rapidement, afin de mener le débat sur le congé parental. En Suisse, nous sommes relativement modestes dans ce qui est fait en comparaison européenne en matière de soutien aux familles. Et là, un développement est ouvert, qui dépend du Département fédéral de l’intérieur et je suis heureux que nous puissions avancer. Mais il faut y aller par étapes.

Etes-vous prêt à vous investir pour défendre ce congé parental d’une manière particulière?

Oui, je pense que nous devons progresser de manière significative dans ce domaine et je souhaite que nous puissions le faire en direction d’un congé parental, sur le principe d’une forme de bonus de jours à se partager entre père et mère. Les modalités restent à définir. Il faut que cela réponde aux besoins des familles.

Pensez-vous vraiment que les pères ont envie de s’investir davantage aujourd’hui?

Oui, bien sûr. La situation aujourd’hui est difficile pour eux. Un jour de congé permet à peine d’organiser l’indispensable!

Parlons de l’égalité salariale. Les femmes gagnent toujours 18% de moins que les hommes en moyenne en Suisse. La Confédération a engagé un dialogue salarial avec les entreprises. Faut-il maintenant durcir le ton?

Pour moi, c’est un élément absolument déterminant. Il est question bien sûr d’égalité, mais aussi de ce qui reste aux gens qui travaillent pour vivre à la fin du mois. 18% de différence, c’est inadmissible! Imaginez la délicatesse des situations des femmes seules qui travaillent, élèvent leurs enfants! Pour résoudre les inégalités salariales, il y a effectivement le dialogue que vous avez mentionné. Dans le fond, c’est une bonne initiative qui essaie de convaincre. Il y a eu des effets très positifs dans certains cas, moins dans d’autres. Si le bilan s’avère mitigé, la question de la suite se posera très vite et je suis ouvert à ce qu’on mène une réflexion sur des mesures plus marquées. Moi, je ne suis pas prêt à trouver la situation normale en disant: «On a essayé, on a dialogué et les inégalités sont ce qu’elles sont.» Ce n’est pas une fatalité!

Cela veut dire que vous voulez passer de l’incitatif au coercitif?

Cela veut dire réfléchir à des mesures étatiques. Nous avons espéré avec le dialogue sur l’égalité des salaires pouvoir nous épargner la discussion sur des mesures plus marquées. Je crois que cette discussion devra avoir lieu. Je pense qu’il faudra aussi renforcer le signal en faveur de l’égalité salariale pour les entreprises subventionnées par la Confédération. Dans le fond, il s’agit de dire aux entreprises qui bénéficient d’un subventionnement public qu’il y a un certain nombre de critères importants et que l’égalité salariale en est un.

Vous êtes le seul membre du Conseil fédéral à avoir des enfants en bas âge. Cela change votre vision?

Les situations et parcours différents des membres qui composent le gouvernement font sa richesse. Je dois reconnaître que mes enfants influencent certainement ma réflexion politique. Bien sûr, je dois aussi concilier vie professionnelle et vie familiale, et avec mon épouse qui a sa propre carrière, cela demande beaucoup d’organisation. La politique n’est pas désincarnée.

Vous avez envie d’être le ministre de la Famille, entre autres choses?

Oui et je le redis: la Suisse, en comparaison internationale, soutient peu les familles. Cela doit nous interpeller. La pauvreté des familles pour moi est un sujet très important. Il n’y a rien de plus injuste que de voir des enfants vivre en situation de pauvreté parce que les revenus de la famille sont limités. 

Le Matin