Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 7 août 2012

Lourde menace sur la filière du lait cru


Le regroupement des fermes d’Agroscope Liebefeld-Posieux et de l’Institut agricole de Grangeneuve inquiète les filières fromagères AOC.

Les interprofessions du Gruyère et du Vacherin fribourgeois sont très inquiètes pour l’avenir de la filière fromagère au lait cru du canton de Fribourg. En cause, le projet Exacom (abréviation pour «exploitation agricole commune») élaboré dans le cadre du transfert des activités de la station de recherches Agroscope de Liebefeld (BE) sur le site de Posieux (FR).

Les autorités fribourgeoises et fédérales prévoient en effet de fusionner sous un même toit l’exploitation laitière de l’Institut agricole de Grangeneuve (IAG) et celle issue du regroupement d’Agroscope à Posieux. Sachant que la Station fédérale de recherches (ALP) a pour mission de tester toutes sortes d’affouragement dans le but d’optimiser les divers types de production laitière, les interprofessions fromagères AOC fribourgeoises ressentent une lourde menace. Elles craignent que la formation aux méthodes de production de lait sans ensilage ne passe à la trappe. «En cas d’exploitation commune entre Agroscope et l’IAG, la Confédération semble exiger une exploitation avec de l’ensilage», a déclaré Philippe Bardet, directeur de l’Interprofession du Gruyère (IPG), dans une interview accordée au journal La Gruyère (28 juillet 2012).

Or, pour produire les deux fromages phares fribourgeois, le Gruyère et le Vacherin fribourgeois, seul le lait cru de non-ensilage est autorisé. Le cahier des charges du Gruyère AOC interdit une cohabitation sous un même toit avec du lait d’industrie. Philippe Bardet est catégorique: «Il faut garder deux bâtiments et deux salles de traite distincts». Sans cette solution, Grangeneuve perdra sa qualité de centre de compétences romand pour la production de fromage au lait cru. Actuellement, la ferme de Grangeneuve fournit près de 25% du lait servant à la fabrication de Gruyère sur le site.

«A quoi bon défendre notre Gruyère AOC contre le gruyère américain d’Emmi si demain l’IAG n’enseigne plus les méthodes agricoles de production de lait de non-ensilage indispensables à la production de Gruyère», poursuit Philippe Bardet. Pour lui, il y a un manque de cohérence politique.

Rôle économique majeur

Dans le canton de Fribourg, 60% des exploitations fribourgeoises travaillent sans ensilage. Une tradition vivante dont le rôle économique est important. Le directeur de l’IPG rappelle que le Gruyère et le Vacherin fribourgeois représentent un peu plus de 2000 places de travail pour un chiffre d’affaires d’environ 230 millions sur sol fribourgeois uniquement. S’ajoutent les autres fromages AOC de Suisse romande, Vacherin Mont-d’Or, Tête de Moine, L’Etivaz et le reste du Gruyère produit en dehors du canton de Fribourg, eux aussi concernés par l’éventuelle disparition d’une formation agricole aux méthodes de production de lait de non-ensilage.

«Le projet Exacom met en péril la transmission de connaissances, de savoir-faire et de compétences indispensable à la pérennité des différents produits AOC en Suisse romande», martèle l’Interprofession du Gruyère qui milite mordicus pour le maintien d’une étable et d’une salle de traite liées au lait de non-ensilage à Grangeneuve.

Revendications légitimes

Interrogée par le quotidien La Liberté (28 juillet 2012), la conseillère d’Etat Marie Garnier estime que les intérêts défendus par les interprofessions sont légitimes. L’importance de la formation agricole pour la filière du lait cru est selon elle indéniable.

Actuellement, plusieurs variantes sont à l’étude, notamment pour trouver une alternative à la ferme unique et concilier les intérêts tout à la fois de la recherche et de la branche fromagère AOC. L’idée d’un réseau d’exploitations comprenant celle de Grangeneuve et la ferme bio de Sorens, propriété de l’Etat de Fribourg, est discutée.

Le projet Exacom est mené séparément du projet de regroupement ALP-IAG. Pour l’instant, le Conseil d’Etat fribourgeois n’a pris aucune décision. Mais du côté de l’Interprofession du Gruyère et de Fromarte, l’association des artisans suisses du fromage, on redoute d’être pris de vitesse et de se retrouver au pied du mur. D’où une mobilisation politique relayée par les médias fribourgeois. La décision du canton et de la Confédération sur Exacom devrait tomber cet automne.