Maria Santos Gorrostieta est la 40ème maire mexicaine victime des narcotrafiquants. Sur la Toile, le courage fou d'une femme hors du commun provoque la stupéfaction.
Maria Santos Gorrostieta, ancienne maire d'une petite ville mexicaine connue pour son trafic de drogue, a été kidnappée puis assassinée début novembre par des narcos.
Valse avec la mort
L'histoire de Maria est aussi extrême que la violence sans fond qui ravage le Mexique. Maria, jolie jeune femme, médecin, entre en politique en 2008 en devenant maire de Tiquicheo à moins de 30 ans et l'enfer commence. Son mari Jose Sanchez Chavez échappe début 2009 à une première tentative d'attentat. En octobre de la même année, le couple se trouve en voiture quand une attaque tue son mari Jose Chavez et la blesse grièvement. Veuve avec trois enfants, elle subit en janvier 2010, comme une tragédie sans fin, un nouvel attentat. Sa voiture est criblée de balles dont trois l'atteignent, qui marquent encore plus son corps et la contraignent depuis lors à porter un sac fécal sur le ventre.
Peu importe, malgré les deuils et les horreurs, elle poursuit son rôle de maire jusqu'en 2011, se remarie, et après un échec aux élections, se retire de la politique. Ce n'est que le jour où l'on met en doute les souffrances et les blessures endurées qu'elle décide, toujours mortellement crâne, de faire une série de photos de ses blessures, maquillée et conquérante, assorties d'un message à ses concitoyens sur l'impératif personnel de résistance qui la fait tenir.
La fin d'une héroïne
L'histoire de Maria, ces photos, ont fait en quelques jours le tour du Web. Elles ont été commentées par tous les blogs américains "de frontière" dans le sud des Etats-Unis, comme l'ultime preuve de la boucherie mexicaine à contenir par le mur qui borde la frontière. Au Mexique, c'est la suppression récente de l'escorte policière qui protégeait Maria et l'impuissance générale de la justice, "notre faute collective", qui rend amers les blogs et Twitter.
En France, @MaitreEolas a résumé sur Twitter la fin désespérante d'une héroïne en quelques tweets.
"Le 12 novembre, Maria conduisait sa petite fille à la crèche. Une voiture surgit devant sa voiture pour l'immobiliser, et des hommes en sortirent et extirpèrent violemment Maria de sa voiture. Des témoins racontent qu'elle supplia ses ravisseurs de ne pas faire de mal à sa fille. En échange, elle le suivit volontairement. Ses proches vont attendre une semaine un appel pour une rançon qui ne vint jamais. Le 20 novembre, le corps sans vie de Maria Santos Gorrostieta a été retrouvé au bord d'une route. Elle a été battue, poignardée, brûlée, torturée. Les narcos ne rigolent pas. Je ne doute pas que ses ravisseurs ont filmé la mise à mort lente de Maria et vont diffuser ça sur internet. J'espère que ses enfants ne tomberont jamais dessus. Hasta siempre Maria. The end."
Egger Ph.