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jeudi 8 novembre 2012

Sur fond de polémique en France, L’Eglise catholique suisse, ne veut pas de l’union gay


Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg: «Le mariage n’est pas un droit pour tous».




Alors que le projet d’un mariage pour tous déchire la France, que l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) accepte la bénédiction des couples gays, l’Eglise catholique suisse reste ferme. Pas question de bénir l’amour d’un couple homosexuel car, selon la définition du sacrement, «le mariage est l’union entre un homme et une femme, dont l’un des buts est de donner la vie, chose que ne peut faire un couple du même sexe», réaffirme Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg.

Une position qui contraste avec la tendance progressiste de l’EERV qui – comme dix autres avant elle en Suisse – vient de franchir le pas, le week-end dernier. Une décision prise par un souci d’accueillir tout le monde, que tous aient droit au même traitement. Et chez les catholiques? «On accueille tout le monde, dans le respect des différences», répond le prélat. Mais de compléter: «Le mariage n’est pas un droit pour tous. Il existe des critères comme d’avoir 18 ans.»

Peur d’être contaminé

Une position peu étonnante pour Jean-Luc Geneux, coordinateur du groupe chrétien de l’association vaudoise Vogay. Il a assisté au débat tenu par le Conseil synodal de l’EERV: «Il faut du temps pour changer les mentalités. Dans les discussions, on a entendu la peur des gens, jusqu’à la peur d’être contaminé. Nous sommes des êtres humains créés identiquement par Dieu, on veut vivre notre réalité.»

Réalité d’un amour sincère ou pas, Mgr Charles Morerod le répète: «Comme l’a aussi dit le grand rabbin de France, le mariage n’est pas uniquement la reconnaissance d’un amour. C’est une institution qui implique une succession des générations. Et cette vision n’est pas propre au catholicisme, mais aussi à d’autres religions.» Alors qu’aujourd’hui, en France, un projet de loi sur le mariage et l’adoption pour tous est présenté en Conseil des ministres – une promesse de la campagne présidentielle de François Hollande – la polémique a enflé suite aux déclarations de l’archevêque de Paris.

Mgr André Vingt-Trois a qualifié «de supercherie» cette vision du mariage. L’Eglise catholique n’est pas prête à s’adapter aux mœurs. «On est aujourd’hui dans un faux débat, il gravite autour d’une exigence d’égalité qui est le moteur du gouvernement français. Mais ce n’est pas le rôle de l’Eglise d’être le reflet de son temps», commente Mgr Charles Morerod, «si on regarde les statistiques religieuses, plus une Eglise se fond dans la société plus elle tend à disparaître».

Vivre avec les jugements

Au contraire, pour Alicia Parel, secrétaire générale de l’association suisse des gays PinkCross, des fidèles homosexuels préfèrent donc quitter l’Eglise car «comment croire en un Dieu quand les représentants de l’Eglise disent que vous êtes déviant, condamné, qu’il faut s’en repentir. On n’est plus dans le «aime ton prochain», mais «juge ton prochain».

Le prévôt de la cathédrale de Fribourg Claude Ducarroz comprend que ça puisse en décevoir certains: «On peut toujours prier avec et pour eux dans une prière de fraternité.» Reste que comme l’a relevé GQ Magazine, du Xe au XIIe siècle, des documents liturgiques prouveraient l’existence de cérémonies appelées «office de l’union de même sexe», selon John Boswell, éminent professeur de l’Université Yale.