Faux. S'il faut manger du poisson pour activer ses méninges, c'est grâce aux oméga 3 qu'il contient et non au phosphore !
Le poisson contient une bonne quantité de phosphore, mais pas plus que d'autres aliments comme le cacao, le fromage, le jaune d'oeuf, les amandes ou les légumineuses. Et même si le phosphore reste un constituant essentiel des membranes du cerveau, son action spécifique sur la mémoire reste encore à prouver ! Cette croyance populaire trouve sans doute ses fondements dans l'origine du mot grec phosphorus, qui signifie "porteur de lumière" en référence à ses propriétés phosphorescentes. Au fil des siècles, le verbe phosphorer est donc devenu synonyme de "briller avec éclat" et plus récemment d'un travail intellectuel intense...
Cela dit, les anciens n'avaient pas complètement tort. Les bénéfices du poisson pour le cerveau sont bien réels. En effet, les poissons, surtout les plus gras, sont riches en oméga 3, des acides gras essentiels dont nous sommes souvent carencés. Le corps peut en fabriquer via l'alimentation végétale (graines de lin ou huile de colza par exemple), mais cette production reste insuffisante et donc il faut chercher des oméga 3 ailleurs, via les poissons, les crustacés, les coquillages... Si les scientifiques s'intéressent tant aux oméga 3, c'est que leurs fonctions sont multiples et ceci tout au long de notre vie. Ainsi durant la grossesse, ils sont indispensables à la structure des cellules nerveuses du bébé et favorisent donc son développement intellectuel. Plus tard à l'âge adulte, ils permettent d'éviter les phases dépressives.
Enfin les dernières recherches leur prêtent un rôle important dans le ralentissement du déclin cognitif. Ainsi, comparées aux personnes qui mangent du poisson moins d'une fois par mois, celles qui consomment plus de deux fois par semaine du saumon et d'autres poissons gras voient leurs risques diminuer de 30 % pour la démence et 40 % pour la maladie d'Alzheimer. Pour phosphorer, il faut donc bien manger du poisson régulièrement. À condition de le choisir riche en oméga 3, peu contaminé en mercure quand il est sauvage, ou issu d'élevages de qualité. Sardines, maquereaux, harengs, saumons, morues, truites sont quelques valeurs sûres à intégrer au menu hebdomadaire, le tout préparé cru ou cuit très légèrement (vapeur par exemple) pour en préserver les si précieuses vertus... et garder toute sa tête !
Sophie Bartczak