L'Union européenne interdit enfin les tests pour les cosmétiques sur les animaux tandis que les États-Unis épargnent les grands singes.
Les lapins, souris et autres rongeurs ne serviront plus de cobayes pour les produits cosmétiques, en tout cas en Europe. © US PRESS / SIPA
Ça y est (enfin !) : les produits cosmétiques ayant fait l'objet de tests sur les animaux ne peuvent plus être mis sur le marché dans l'Union européenne. La dernière étape prévue dans l'élimination progressive de l'expérimentation animale pour les crèmes, parfums, savons, shampoings et autres dentifrices commercialisés en Europe a pris fin mardi. Elle répond à la demande des associations de défense des animaux ainsi que de très nombreux consommateurs. Tous estiment que l'élaboration des produits cosmétiques ne justifie en rien l'expérimentation animale. Pour les médicaments, en revanche, la situation est bien plus complexe.
Pour mémoire, l'expérimentation animale est déjà interdite dans l'Union depuis 2004 pour les produits cosmétiques et, depuis mars 2009, il est également impossible de mettre sur le marché européen des cosmétiques contenant des ingrédients ayant fait l'objet d'essais sur les animaux. Pour les effets les plus complexes sur la santé humaine (la toxicité à doses répétées, y compris la sensibilisation cutanée et la cancérogenèse, la toxicité pour la reproduction...), l'entrée en vigueur de l'interdiction de mise sur le marché avait été repoussée au 11 mars 2013.
"signal fort de l'attachement européen au bien-être animal"
La Commission respecte donc cette échéance fixée par le Conseil et le Parlement. Tonio Borg, commissaire européen à la Santé et à la Politique des consommateurs, parle d'un "signal fort de l'attachement européen au bien-être animal". Il ajoute : "La Commission entend continuer de soutenir la mise au point de méthodes de substitution à l'expérimentation animale et encourager les pays tiers à imiter l'Union européenne. Il s'agit pour l'Union d'une occasion inestimable de donner un exemple d'innovation responsable dans le secteur des cosmétiques, sans consentir le moindre compromis sur la sécurité des consommateurs."
La recherche de méthodes de substitution à l'expérimentation animale doit pourtant se poursuivre, estiment les autorités européennes, car le remplacement total des essais sur les animaux par d'autres méthodes n'est pas encore possible. La Commission annonce avoir affecté aux travaux de recherche en cosmétologie près de 238 millions d'euros entre 2007 et 2011. L'industrie cosmétique a également apporté sa part.
Aux États-Unis, cette fois, et dans le domaine de la recherche thérapeutique, ce ne sont pas les lapins, souris ou autres rongeurs qui vont profiter de nouvelles mesures de protection, mais les grands singes. Les Instituts nationaux de la santé, principale organisation de recherche publique sur la santé aux États-Unis, vont bientôt mettre à la retraite la quasi-totalité des chimpanzés dédiés à la recherche biomédicale (il y en aurait plus de 650), et cela, pour des raisons éthiques. Cette décision, annoncée à la fin du mois de janvier, devrait être rapidement mise en application. Le recours à ces animaux "proches de l'homme" devrait être limité à des cas totalement indispensables, quand il n'existe aucun autre modèle possible. Un petit pas pour les animaux de laboratoire, un grand pas pour l'humanité...
Anne Jeanblanc