Les différences entre les sexes se creusent avec le temps, non pas en fonction du sexe mais des sollicitations, de l'apprentissage et des activités.
Même forme, même "matière première", même besoin d'oxygène et de sucre pour bien fonctionner, le cerveau n'a rien d'un organe "sexué". En tout cas, de prime abord. Et pourtant, dès la vie foetale, il subit les effets des hormones qui feront du futur bébé un garçon ou une fille. "La région la plus sensible aux hormones sexuelles est située à la base du cerveau, dans l'hypothalamus", explique la neurobiologiste Catherine Vidal (Institut Pasteur à Paris) dans un petit livre* consacré au sujet. "Chez la femme, les neurones de cette zone s'activent chaque mois pour déclencher l'ovulation."
Pendant l'enfance, les parents remarquent, souvent, que les petites filles parlent plus facilement que les garçons, alors que ces derniers auraient une meilleure aptitude à se repérer dans l'espace. Il est traditionnel d'attribuer leur sens de l'orientation à l'époque où les hommes vivaient de la chasse. Mais aucune étude sophistiquée n'a permis de montrer de différences entre les sexes concernant les aires du langage, ni la présence d'une "boussole" dans les têtes masculines. Pour Catherine Vidal, les différences viennent surtout de l'éducation et de l'environnement. Pour faire simple, les garçons apprennent plus à contrôler l'espace en jouant dehors, les filles à parler avec leurs poupées.
Entraînement
La spécialiste ajoute que, parmi les milliers d'études réalisées, moins de 3 % ont montré des différences entre les sexes. Tout est simple : personne n'a le même cerveau puisque cet organe "plastique" évolue en fonction des sollicitations. Il est en permanence capable de développer de nouvelles connexions pour répondre aux besoins. Le cerveau des musiciens a des aptitudes que celui du sportif de haut niveau n'atteindra jamais, et vice versa. Indépendamment du sexe.
Et chez les uns comme chez les autres, cet organe ne sera jamais aussi performant que s'il est régulièrement sollicité. Une étude assez récente, portant sur des chauffeurs de taxi, a d'ailleurs montré que plus ils avaient de l'expérience, plus les zones de leurs cerveaux correspondant à la représentation dans l'espace étaient développées. Bref, c'est l'entraînement qui fait la différence.