Vrai. Et si simplement quelques carrés pouvaient se transformer en médicament pour le coeur ? La gourmandise ne serait alors plus un péché...
Découvert par les Mayas il y a plus de 3 000 ans, le chocolat ou xocoatl fut ensuite vénéré par les Aztèques qui l'utilisaient comme monnaie d'échange et y voyaient un puissant remède, notamment contre la fatigue. D'après la légende, l'empereur aztèque Moctezuma buvait des dizaines de gobelets de cacao par jour, entre autres pour pouvoir honorer son important harem (on parle de six cents concubines...). À l'époque la préparation était fort différente d'aujourd'hui : la pâte de cacao était mélangée avec de l'eau et diverses épices dont du poivre, du piment et de la cannelle.
Importé en Europe par les conquistadors, on l'a donc d'abord considéré comme un remède, pour apaiser l'angine ou les troubles de la circulation notamment. Puis très vite, en ajoutant du sucre pour cacher son amertume, il est devenu une gourmandise et un vilain défaut ! Pourtant, ces dernières années, plusieurs études ont affirmé qu'il est un aliment santé hors pair. Seulement la plupart de ces recherches sont réalisées par les industriels eux-mêmes...
Alors péché mignon ou défendu ? Les fèves de cacao, dont est issu le chocolat, contiennent plus de 50 % de matières grasses avec une bonne proportion d'acide oléique (le même que dans l'huile d'olive), reconnu pour ses effets positifs sur le système cardiovasculaire. Ce bénéfice ne doit pas faire oublier que le chocolat reste un aliment globalement gras et sucré, donc à consommer avec modération ! Au-delà de ses acides gras, le chocolat est aussi riche en magnésium, calcium, fer, zinc et vitamines, mais en fait, ce sont surtout ses molécules antioxydantes, plus précisément les polyphénols, qui intéressent les chercheurs. Car l'aliment des dieux aztèques en regorge : un seul carré de chocolat noir en contiendrait deux fois plus qu'un verre de vin rouge ou une tasse de thé vert. Ce concentré d'antioxydants ouvre donc les portes à de multiples bénéfices pour la santé.
Antistress
Pour l'heure, c'est surtout l'impact sur la sphère cardiovasculaire qui a été étudié. Ainsi le chocolat noir permettrait de baisser la pression sanguine et les risques de formation de caillots, agissant un peu comme l'aspirine pour fluidifier le sang et réduisant ainsi les risques d'infarctus. Ces bénéfices disparaissent quand il est ingéré avec du lait. Aujourd'hui, les recherches s'étendent à d'autres domaines : il pourrait lutter efficacement contre la toux, activer la mémoire cognitive et visuelle, voire posséder des vertus anticancéreuses (cancer du poumon et du colon).
Enfin ses actions contre le stress sont réelles : les consommateurs de chocolat seraient moins sensibles à la déprime d'après une étude de 2007 ! Effet placebo ou réalité chimique ? Probablement les deux : certaines de ses molécules sont effectivement antidépressives, mais la sensation de plaisir qu'il procure nous fait aussi sécréter des endorphines qui entraînent une sensation d'euphorie et de bien-être. En pratique, ces études, si séduisantes soient-elles, portent généralement sur des vrais chocolats, beaucoup plus riches en polyphénols que ceux que l'on trouve dans le commerce. En effet, 70 % des polyphénols seraient détruits par les procédés de fabrication. Donc, pour bénéficier des vertus du divin aliment, il est conseillé de choisir un bon chocolat, contenant au moins 70 % de cacao. 20 grammes sembleraient la bonne dose quotidienne, soit un cinquième d'une tablette... Pas plus !
Sophie Bartczak