S'il est vrai que l'alcool touche davantage les enfants dont un des parents souffre d'alcoolisme, les raisons de la maladie sont plus complexes.
L'alcoolisme est-il une maladie que l'on "reçoit en héritage" ? Au moins en partie, d'après une étude menée en 2011 par des chercheurs de l'université de Göteborg, en Suède. Expérimentant les effets de l'alcool sur un groupe de 51 personnes, ils ont constaté que celles dont un des parents souffrait d'alcoolisme réagissaient à une alcoolisation de façon plus forte que les autres.
La piste de l'hérédité a été confortée par d'autres études qui ont mis au jour de nombreux gènes impliqués dans la dépendance à l'alcool. Le gène ADH1B, par exemple, est impliqué dans la fabrication d'une enzyme dans le foie chargée de métaboliser l'alcool. Et le gène DRD2, lié aux récepteurs à la dopamine (un neurotransmetteur du cerveau), influe sur la vulnérabilité à la dépendance. Des variations dans ces gènes modifient notre réaction face à l'alcool.
Interaction complexe
"Mais un gène repéré individuellement n'a qu'une influence minime dans le comportement d'une personne", nuance le docteur Oussama Kebir, chercheur en génétique psychiatrique à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). "De plus, ces facteurs génétiques ne sont pas forcément héréditaires." Tous les enfants d'alcooliques ne le deviennent pas et beaucoup de personnes dépendantes n'ont pas d'antécédents familiaux.
Pour le chercheur, le déclenchement de l'alcoolisme relève d'une interaction complexe entre facteurs génétiques et environnementaux. L'âge de l'exposition à l'alcool, le milieu socio-économique, les traumatismes, notamment durant l'enfance, les problèmes affectifs ou psychiatriques sont, tout autant que les gènes, des éléments déterminants.