Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 17 mars 2013

Touche pas à mon pape !


À peine élu pape, le cardinal Bergoglio est traîné dans la boue ! 



Pour une fois que l'Église catholique romaine, avec un milliard deux cents millions de croyants dans le monde, met à sa tête un homme qui symbolise l'ouverture de cette religion à tous les pays émergents où l'Islam ne cesse de progresser, pourquoi faut-il qu'un bataillon de fouille-poubelles tente d'entamer sa crédibilité ? Et s'enflamme pour des ragots dignes des plus débiles télé-réalités : "On lui a enlevé un bout de poumon, tiendra pas le coup." Et alors, on ne lui demande pas de courir le marathon !

"Pendant la dictature argentine, lors des vols de la mort quand les militaires lançaient les opposants vivants dans l'océan, Bergoglio était parmi les prêtres qui bénissaient les bourreaux pour apaiser leur conscience." Quelqu'un l'a vu, quelqu'un peut témoigner ? "Pendant la junte militaire, il y a eu des vols de bébés d'opposants, Bergoglio était complice." Mais bien sûr, il a aussi sûrement couvert tous ceux qui ont étranglé leur grand-mère à Buenos Aires à l'époque !

Ce pape est une chance pour la vieille Europe

Pourquoi traquer le soupçon et l'injure, 40 ans en arrière, sans aucune preuve tangible ? Aux yeux de l'Histoire, l'Église a-t-elle été coupable pendant la dictature argentine ? Sûrement. Et elle le sera encore. Ailleurs. Toujours. Comme toute institution. Je n'ai pas la foi, le pape, en soi, ne m'a jamais intéressée, sauf quand il prenait des positions inhumaines, comme l'interdiction du préservatif. Mais celui-ci est différent. Il représente une chance pour la vieille Europe nihiliste de s'associer à une église de combat. Premier pontife originaire des Amériques. Premier jésuite à la tête des catholiques - et n'oublions pas le rôle des jésuites sur la question religieuse dans l'origine de la Révolution.

Premier pape anti-bling-bling sous les fastes de la Curie. Il refuse l'ascenseur privé. Il refuse la belle voiture papale. Même à Buenos Aires, lorsqu'il était cardinal, il a délaissé la fastueuse demeure vouée à son rang pour un deux-pièces où il vivait seul et ne se déplaçait qu'en bus ou en métro. Lors de son apparition au balcon de la place Saint-Pierre, il apparaît uniquement vêtu de blanc, sans la cape rouge de pontife, et il dit : "Buona sera". Pas de pompe, pas de frime, pas de solennité. Ces simples mots veulent dire "je suis avec vous". Ils sont le partage, le dévouement, l'avenir. Ce qu'il ne cessera d'expliciter dans ses homélies et ses gestes.

Le dialogue interreligieux, enjeu majeur du monde occidental

En prenant le nom de François (saint François d'Assise), il veut incarner une Église pauvre parmi les plus pauvres. Pour lui, la pauvreté est une violation des droits de l'homme. Il parle aussi de la foi, sans laquelle le Vatican ne symboliserait qu'une puissante ONG. Il ne sera pas un pape progressiste dans la mesure où il n'est pas favorable aux innovations telles que le mariage gay ou autres concessions aux moeurs susceptibles d'entrer dans le confort sociétal actuel. Mais il s'est engagé dans une autre mission d'importance mondiale : le dialogue interreligieux, enjeu majeur du monde occidental. À nouveau dans les pas de saint François d'Assise.

En 1219, pendant la terrible guerre qui opposait les chrétiens et les Sarrazins, François décida de rendre visite au sultan de Babylone, non pour le tuer ou le convertir, mais pour discuter. L'entreprise était dangereuse, les deux armées face à face. On passera sous silence qu'il se fit rouer de coups par les avant-postes sarrazins avant d'être enfin conduit devant le sultan. Il lui annonça qu'il lui avait été envoyé d'au-delà des mers par le Dieu très haut pour lui annoncer la Voie du salut par l'Évangile. Le sultan l'écoutait avec plaisir et le couvrit de cadeaux pour prolonger son séjour. François refusa : il n'était pas avide de richesses mais du salut des âmes. Le sultan le fit raccompagner par une escorte de soldats. Point final ? Non. Dix ans plus tard, alors qu'aucune force ne l'y contraignait, le sultan décida de rendre Jérusalem aux chrétiens... Cher pape - pardon -, Votre Sainteté, vous en obtiendriez le quart pendant votre pontificat, j'en attraperai la foi. Une merveilleuse maladie.

Claire Gallois