C’est le Tages-Anzeiger du jour qui allume la mèche. Les résultats d’une enquête de l’Office fédéral de l’agriculture contredisent, en partie, le slogan habituel des milieux de l’agriculture suisse. Soit «la production agricole suisse est plus écologique qu’à l’étranger». Il en ressort ainsi que si l’agriculture suisse traite mieux ses animaux d’élevage que nos pays voisins, dans toute une autre série de domaines, les résultats sont comparables, voire inférieurs à ceux de l’étranger.
Cette bonne trop bonne réputation de l’agriculture suisse, souligne encore le Tages-Anzeiger, s’explique sans doute par le marketing. Les différentes associations faîtières de branche ont dépensé 110 millions pour les activités promotionnelles en 2011.
Et quels sont les domaines où l’agriculture suisse n’est pas l’élève modèle qu’elle prétend être?
Engrais: Selon l’étude, les excédents d’azote et de phosphore sont au moins égaux, voire légèrement supérieures à ceux de l’Autriche, de l’Allemagne et de la France. Seul les Pays-Bas ont la main plus lourde que la Suisse à l’heure de fertiliser les sols.
Pesticides: Là encore l’agriculture suisse se montre très généreuse dans l’utilisation de fongicides et d’herbicides. Davantage qu’en Allemagne, Autriche et en France. C’est encore une fois les Pays-Bas qui est signalé comme le champion de la consommation en produits chimiques.
Eaux souterraines: Globalement les nappes phréatiques suisses révèlent des teneurs en pesticides supérieures à celles de nos voisins. Normal, étant donné leur fréquente utilisation. Par contre, le taux de nitrate est inférieur.
Pollution de l’air: Les terres agricoles suisses produiraient ainsi plus de méthane que l’Allemagne, l’Autriche et la France. La raison avancée par l’étude suggère que la forte densité du bétail en Suisse, due à l’exiguïté du territoire agricole, en est la cause. Non, les vaches suisses ne lâchent pas davantage de vents que les autres...
Bien être animal: C’est en Suisse que les vaches, cochons et poulet et autres animaux d’élevage sont les plus heureux. Car les règles y sont les plus strictes et parfaitement appliquées. Il vaut mieux donc être une vache suisse qu’allemande. Marguerite, la compagne d'évasion de Fernandel dans La vache et le prisonnier (film d'Henri Verneuil - 1959), était pourtant une avenante laitière d'origine germanique.
Markus Ritter, le président de l’Union suisse des paysans (USP) et conseiller national (PDC/SG) ne s’en pas laissé compter et balaye les résultats négatifs de cette étude. Selon lui, «il est évident que nous sommes en avance sur les pays voisins en ce qui concerne le bien-être animal. Quant aux autres domaines de la protection de l’environnement, ils sont difficilement comparables. Notamment à cause du manque de fiabilité des chiffres fournis par les pays étrangers», a résumé le patron de l’USP.