Dans la petite ville de Bâton-Rouge, en Louisiane, 80 personnes se réunissent tous les dimanches dans l'amphithéâtre d'un hôtel. Ils se rassemblent autour d'une conviction commune, qu'ils défendent avec ardeur. Sur le devant de la scène, un homme habillé en costume cravate, les cheveux brillants plaqués en arrière, guide la cérémonie en chantant et en prononçant des sermons passionnés. Mais attention, il ne s'agit pas là d'un service religieux. Enfin, pas vraiment. Il s'agit en réalité de la première "église athée" des États-Unis. Intitulé "Joie de vivre", le culte est présidé par Jerry DeWitt, un ancien pasteur de l'Eglise pentecôtiste qui se définit aujourd'hui comme athée "pur et dur".
DeWitt dit avoir créé ce projet pour répondre à une demande croissante dans la région. Selon une étude de 2012 du Pew Research Center Study, environ 20 % de la population américaine dit ne pas appartenir à une religion, contre 15 % il y a trois ans. DeWitt affirme vouloir "apporter" aux athées quelques-unes des leçons apprises pendant ses 25 années en tant que chef religieux. Dans un entretien au New York Times, il considère que "certaines choses se perdent" quand une personne quitte l'Église, comme "le sentiment de communauté" et le "réconfort émotionnel".
"Il y a des personnes qui, même si elles sont contentes de leur vie sans religion, regrettent le côté communautaire de l'Église, le partage, le sentiment d'appartenance", explique-t-il. "Les athées doivent comprendre qu'apprécier la pensée critique et la méthode scientifique ne les empêche pas de vivre leur côté émotionnel." L'initiative a fait des émules. Des églises athées ont vu le jour dans d'autres villes comme Huston, Sacramento et New York. Mais c'est dans le sud-est des États-Unis que le concept est le plus présent. Connue sous le nom de "Bible Belt", cette région est très conservatrice et religieuse et ceux qui quittent le milieu de l'Église se sentent souvent ostracisés par leur communauté.
Natalia Bourguignon