Même si l'eau du robinet sent parfois un peu la Javel, pouvoir la boire reste un privilège dont beaucoup de pays sont privés.
L'eau est indispensable à la santé et celle du robinet répond parfaitement aux besoins. D'ailleurs, c'est celle qui est le plus bue dans l'hémisphère nord. Cette eau du robinet, destinée à la consommation humaine, "respecte les valeurs limites fixées au niveau européen et intégrées dans le Code de la santé publique française, avec quelques ajouts, pour 56 paramètres de qualité chimique, microbiologique et radioactive, quelle que soit son origine", peut-on lire dans l'ouvrage Tout savoir sur l'eau du robinet* rédigé sous la direction d'Agathe Euzen et Yves Levi, deux spécialistes de l'eau. On y découvre tout sur ce liquide, de ses origines à son traitement, de la protection de la qualité et de la quantité des ressources à sa gestion, jusqu'à sa consommation.
À l'âge adulte, le corps humain est composé de 65 % d'eau (contre 75 % chez le nourrisson). Chaque jour, l'organisme en élimine environ 2,5 l par la respiration, la sueur et les urines. Cette perte hydrique est compensée à hauteur d'un litre via l'alimentation, car tous les aliments contiennent de l'eau, mais en proportion variable (principalement les soupes évidemment, mais aussi les fruits et les laitages). Quant au litre et demi d'eau en moyenne avalé par personne et par jour (plus quand il fait chaud ou en cas d'effort physique), il ne représente que 1 % de la consommation d'eau totale utilisée pour des usages domestiques.
Une saveur qui doit rester "acceptable"
C'est bien sûr au moment de la boire que l'on apprécie ou non l'eau du robinet, qu'on lui reproche parfois un "goût", sous-entendu un "mauvais goût". "La plupart des qualificatifs donnés à ces goûts sont en réalité des odeurs", explique Yves Levi. "C'est le cas de toutes les perceptions qualifiées de moisi, terre, chlore ou plastique." Mais qu'importe la dénomination exacte, l'eau du robinet ne doit pas en comporter, en tout cas pas trop. L'arrêté du 11 janvier 2007 précise que l'odeur ou la saveur doivent être "acceptables", mais cette notion est vague et ne satisfait pas toujours les personnes à l'odorat le plus fin.
Reste la question de l'odeur du chlore, dont les Français se plaignent souvent (sauf quand ils sont dans des pays à l'hygiène limitée, car elle les rassure alors). Elle devrait diminuer progressivement avec les nouvelles techniques employées dans les unités modernes de traitement des eaux. En tout cas, tous les spécialistes l'affirment, elle n'est pas dangereuse pour la santé.
Ce livre est aussi l'occasion de rappeler qu'en 2012 plus de 780 millions de personnes n'avaient toujours pas accès à l'eau potable dans le monde, soit 11 % de la population. D'où un nombre impressionnant d'infections microbiennes et, notamment, de gastro-entérites plus ou moins graves et de parasitoses intestinales en cas d'ingestion d'eau impropre à la consommation. Les spécialistes dénoncent particulièrement les risques de fièvre typhoïde et de choléra, en cas de contamination fécale. Avoir en permanence de l'eau potable à portée de main "nous paraît être un service banal", rappelle le professeur Marc Gentilini, président de l'Académie de l'eau et ancien président de la Croix-Rouge française, dans la préface, alors que c'est "en fait un privilège". Il ne faut pas l'oublier.
Anne Jeanblanc