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lundi 26 août 2013

La Suisse va mettre ses ados au volant


Berne veut introduire la conduite accompagnée dès 16 ans. Certains doutent que d’aussi jeunes conducteurs aient assez de maturité pour cela.

Conduire à 16 ans! Qui n’en a jamais rêvé? Eh bien, cela pourrait prochainement devenir réalité. Selon la NZZ am Sonntag, la Confédération a organisé une séance de travail cet été pour étudier les améliorations à apporter à la formation des nouveaux conducteurs. L’Office fédéral des routes devrait remettre d’ici à la fin de l’année une liste de propositions. Parmi elles, la conduite accompagnée dès l’âge de 16 ans. Pour se mettre au volant, le jeune devrait avoir à ses côtés un conducteur d’au moins 30 ans, qui n’a pas commis d’infractions routières graves et qui a suivi une formation spécifique.

Idée enthousiasmante

Ce système, déjà en vigueur chez nos voisins, suscite pas mal d’enthousiasme. Le TCS qui avait lancé l’idée il y a deux ans met en avant les bons résultats en termes de sécurité routière obtenus dans les pays qui appliquent cette conduite précoce.

Le conseiller national Mauro Poggia qui a déposé une motion en décembre dernier réclamant l’instauration de la conduite accompagnée dès 16 ans n’y voit que des avantages. «Cela développe certaines aptitudes au trafic, notamment l’anticipation du danger, explique le Genevois. Sans oublier que, si le jeune au volant est encadré par son père ou sa mère, les liens familiaux s’en trouveront renforcés.»

Très critiques sur le permis en deux phases, les jeunes PLR voient d’un bon œil cette conduite accompagnée. «Les chiffres de l’OCDE sont parlants, lance Sabrina Ianniello, vice-présidente des Jeunes libéraux-radicaux valaisans. En France, depuis que la conduite accompagnée a été introduite, il y a quatre à cinq fois moins d’accidents. En Allemagne, ils ont diminué de 22%. Pourquoi la Suisse ne devrait-elle pas profiter de ces améliorations en termes de sécurité routière.»

Alors, tout va pour le mieux dans le meilleur réseau routier du monde? Pas forcément. Selon les calculs du Bureau de prévention des accidents (BPA), 40 000 conducteurs pourraient se retrouver plus tôt sur les routes. Grâce à l’obtention anticipée du permis d’élève conducteur, un jeune pourrait acquérir son permis de conduire juste après son 18e anniversaire. La Confédération prévoit, dès lors, d’obliger tous les conducteurs, quel que soit leur âge, à rester au moins une année élève conducteur avant de se présenter à l’examen pratique. Autre crainte: celle des moniteurs d’auto-école qui estiment qu’à 16 ans les jeunes n’ont pas suffisamment de maturité pour piloter une machine en acier de plusieurs centaines de kilos.

Et si on freinait les automobilistes?

Le Conseil fédéral veut permettre aux ados d’apprendre à conduire dès 16 ans. Pas n’importe comment. Il leur faudra s’entraîner en étant accompagnés d’un proche qui aura lui-même été formé, avant de passer leur permis. 

Et pourquoi pas? Autoriser les jeunes à prendre le volant plus tôt n’est pas un mal en soi. Cet apprentissage prolongé leur donnera de l’assurance au moment où ils se lanceront seuls sur les routes. Selon le BPA, il y a très peu d’accidents en conduite accompagnée. Des pays comme la France ou l’Allemagne ont d’ailleurs expérimenté cette méthode avec succès. 

Tout n’est pas rose pour autant. Avec cette mesure, 40 000 jeunes conducteurs sont susceptibles de se retrouver sur les routes chaque année. Et là, par contre, les accidents sont beaucoup plus nombreux. Ils sont responsables dans 71% des cas dans lesquels ils sont impliqués. Prise de risques et abus d’alcool ou de drogue sont les principales causes recensées. Ce qui fait dire aux partisans de l’auto-école dès 16 ans que cela pourrait leur mettre du plomb dans la tête. Finalement, une grande majorité voit dans cette mesure plus de bien que de mal. 

Mais on oublie l’essentiel. Les routes sont engorgées. Les centres-villes débordent de voitures. On ne sait plus où parquer. Qu’on autorise les ados qui désirent apprendre à conduire plus tôt, il n’y a rien de mal à cela. Mais il faudra surtout les freiner dans leur volonté de devenir des conducteurs réguliers. Et ce n’est qu’en les encourageant à utiliser les transports publics grâce à des tarifs attractifs qu’on rendra à la Suisse sa mobilité. 

40 000

Le nombre de jeunes conducteurs qui se retrouveraient précocement sur les routes, selon le Bureau de prévention des accidents.

Nos voisins s'y sont mis

La France 
L’accompagnateur doit posséder le permis depuis cinq ans sans interruption et avoir suivi une formation spécifique. 

L'Allemagne 
Il est possible de passer son permis à 17 ans. Il faut être accompagné d’une personne âgée d’au moins 30 ans ayant son permis depuis au moins cinq ans. 

La Grande-Bretagne 
C’est le seul pays d’Europe où les jeunes peuvent obtenir leur permis et conduire seuls dès 17 ans.

Philippe Messeiller 
Rédacteur en chef adjoint