Cet automne, Le Moléson provoquait les Neuchâtelois en leur accordant du 50% sur les montées au sommet pour sortir de «leur» brouillard. Cet hiver, La Brévine (NE) réplique.
Une fondue à moitié prix quand la température est inférieure à – 10 degrés, c’est l’offre originale lancée dans la vallée de La Brévine. Mais ce rabais est réservé «aux Dzodzets qui n’ont pas froid aux yeux, quand l’air n’est pas assez frais en Pays de Fribourg», et sur présentation d’une pièce d’identité. C’est une réponse à l’Office du tourisme du Moléson, qui offrait cet automne un rabais aux Neuchâtelois, quand le Bas de leur canton stagnait dans le brouillard.
A quelle heure les – 10 degrés? Le matin ou lorsque le client se présente? «La mesure est laissée à l’appréciation des restaurateurs», indique Jean-Maurice Gasser, président de l’association Vallée de La Brévine. Chez Bichon, l’un des sept restaurants qui proposent l’action jusqu’au 16 mars, la patronne Jocelyne Huguenin regardera le thermomètre le matin. Hier, il faisait – 18 degrés à 10 h. C’est loin du record de – 41,8, mais assez pour avoir envie d’une fondue. «Elle vaut une fribourgeoise, ma fondue, n’est-ce pas?» lance Jocelyne Huguenin, pendant que son mari dépèce un sanglier à la cave.
Rivalité fromagère
Tout est parti d’un dialogue téléphonique entre les pontes du tourisme fribourgeois et neuchâtelois. Pourquoi les Neuchâtelois ont-ils choisi la fondue, sachant que «la meilleure du monde» est fribourgeoise, le directeur de Tourisme neuchâtelois, Vincent Matthey, a répondu: «Parce que le meilleur fromage du monde est neuchâtelois!»
«C’est vrai: nos fromagers ont obtenu des médailles d’or», souligne Jean-Maurice Gasser. Les restaurateurs n’y perdent-ils pas avec des fondues à moitié prix? «Non, c’est l’Office du tourisme qui paie l’autre moitié», explique Jocelyne Huguenin. Pour une portion à 18 fr., un Fribourgeois paiera 10 fr., avec une absinthe gratuite. Et sur présentation de la fiche remplie par le client, le restaurateur récupérera 10 fr. auprès de l’Office du tourisme.
«Bien joué!» commente sobrement Antoine Micheloud, directeur des remontées mécaniques de Moléson. Son action à lui durait du 15 septembre au 3 novembre. Combien de Neuchâtelois ont-ils profité de son funiculaire et téléphérique? «Une centaine, parce qu’à cette période les jours de brouillard étaient peu nombreux», dit-il en souriant. La vérification avait lieu par webcam, au moment de la transaction. Des profiteurs ont-ils triché? «Des Neuchâtelois étaient peut-être au soleil: nous n’avons pas distingué le Bas du Haut du canton», indique Antoine Micheloud.
Mais l’essentiel n’est pas là: les plaques d’immatriculation relevées au parking prouvent que bien des Neuchâtelois se sont rendus au Moléson sans profiter du rabais offert. De la même manière, Jean-Marie Gasser espère que des Fribourgeois iront à La Brévine quand la température dépassera – 10 degrés.
Elle vaut une fribourgeoise, ma fondue, hein? Jocelyne Huguenin, patronne du Restaurant Chez Bichon
Image: Jean-Guy Python