Le Service Allergie Suisse l’affirme: près d’un Suisse sur quatre souffre d’allergies ou d’intolérances, soit quelque deux millions de personnes, un chiffre en constante progression....
Dans une dizaine d’années, une personne sur deux souffrira d’allergie. Un marché de niche particulièrement alléchant pour les entreprises.
Le nombre de personnes souffrant d'allergie ne cesse d'augmenter, cela peut être une allergie alimentaire, aux acariens, au pollen ou poil d'animaux, des milliers de cas différents qui compliquent énormément la vie de tous les jours. Pour certains il faut que la maison ressemble à un laboratoire pour éviter tout microbes, d'autres ne mangent presque rien pendant que les derniers évitent tous les animaux.
Ces situations difficiles ont donné des idées à des personnes pas si bien intentionnées qui profitent des allergies pour se remplir les poches, s'est ainsi que de plus de plus de spécialistes de la dépollution de la maison, ou de la sensibilisation naturelle se multiplient, avec des effets qui ne sont pas probants. Des soi-disant pros de la poussière suggèrent ainsi leurs services facturés très cher pour faire un diagnostic de votre intérieur, avec appareil de haute précision. Ils vous proposeront ensuite des produits miracles pour un intérieur presque sous vide: assainisseur d'air, aspirateur anti-allergique, produits anti-acariens et autres, à des prix très élevés. Seulement, voilà, les médecins vous confirmeront que pour une maison saine, il suffit de l'aérer correctement, et de la tenir propre! Des plantes appropriées peuvent aussi aider à dépolluer une maison, une méthode naturelle et peu onéreuse.
Les allergiques alimentaires ne sont pas mieux aidés, les aliments sans gluten, farine, oeufs ou autre ne sont vendus que dans des magasins spécialisés, à des prix pouvant être multiplié par 5 par rapport à un produit normal. Sans parler des rebouteux qui proposent des moyens naturels pour faire disparaître une allergie, à coup de rendez-vous très chers à base de plantes, et sans grand résultat. Contre les allergies seul un médecin peut vous conseiller, et vous envoyer vers un spécialiste agréé.
La chasse aux acariens et autres allergènes bat son plein. Avec un Suisse sur cinq qui souffre de rhume des foins, d’asthme allergique ou de neurodermatite, et des experts qui estiment que dans une dizaine d’années, une personne sur deux sera concernée, le marché des allergies constitue une nouvelle niche pour les entreprises (rappelons que l’allergie est classée par l’OMS au quatrième rang des maladies dans le monde).
Le concept d’allergie est récent. C’est en 1906 seulement que le terme entre dans le vocabulaire scientifique. Rhume des foins et asthme étaient à l’époque des maladies rares. Depuis, l’incidence et la fréquence des maladies allergiques ont considérablement augmenté. La gamme des allergènes potentiels est lui aussi en augmentation rapide et les réactions plus dangereuses.
A qui la faute? «A notre confort de vie, affirme le Dr Pierrick Hordé, auteur de «Allergies, le nouveau fléau». Nous sommes surprotégés, gavés d’une alimentation industrielle variée et abondante, (trop) soignés aux antibiotiques, (trop) douillettement à l’abri dans nos appartements bourrés d’acariens entretenus avec des produits chimiques et des détergents.»
Cette évolution a généré, dans un premier temps, d’énormes investissements suivis de profits plus grands encore pour la production de médicaments. Anti-histaminiques, bronchodilatateurs et stéroïdes à inhaler rapportent gros aux groupes pharmaceutiques qui les commercialisent.
Ces dernières années, les réactions allergiques ont attiré les investissements de bien d’autres secteurs de l’industrie et même des services. Produits cosmétiques, alimentaires de nettoyage, électroménagers et, depuis peu touristiques, se profilent sur ce créneau.
Pour qui souffre d’allergie, se garantir des vacances dans un environnement pauvre en allergènes faisait jusqu’ici partie des fantasmes. Des fantasmes qu’une offre hôtelière promet de concrétiser. En effet, 25 hôtels autrichiens, allemands et suisses se sont regroupés sous l’appellation «Allergiealpin» et garantissent à leurs hôtes –allergiques en tout genre — un environnement leur permettant de remplir sans crainte leurs poumons.
Ces hôtels sont situés à plus de 1500 mètres d’altitude, ce qui limite déjà grandement la présence de pollens. Leurs locaux ont subi des traitements anti-acariens, leurs assiettes ne devraient pas contenir d’aliments allergéniques et leur personnel comprend au moins une personne formée aux premiers soins en cas de crise d’asthme ou d’autres réactions allergiques.
Bref, les occasions d’effectuer des dépenses liées à l’une ou l’autre allergie sont de plus en plus fréquentes. Se justifient-elles vraiment? J’ai posé la question à Christophe Weilenmann, allergologue installé à Porrentruy.
«La seule dépense que je suscite auprès de mes patients souffrant d’allergie aux acariens est l’achat d’une housse anti-acariens», me confie ce spécialiste. «Les oreillers et duvets lavables à 60 degrés font très bien l’affaire.»
Pour limiter les dégâts allergiques, le Dr Weilenmann estime qu’il convient de commencer par appliquer quelques règles de base: aérer au maximum son appartement, laisser entrer le soleil (l’ennemi des acariens), réduire le taux d’humidité, éviter les animaux de compagnie.
Bref, un peu de bon sens…
Egger Ph.