Deux jours après l’annonce d’une hausse des dépenses militaires pour les années à venir, le gouvernement suédois a plaidé pour armer les avions de combat JAS-39 Gripen de ses forces aériennes avec des missiles de croisières pouvant potentiellement atteindre des cibles en Russie.
« Dans l’avenir, avoir la capacité de frapper des cibles à longue distance pourrait avoir de l’importance », a affirmé Mme Karin Enström, le ministre suédois de la Défense, à Sveriges Radio, en soulignant que la grande précision de ces missiles de croisière aurait un « effet dissuasif », ce qui sera de nature à « élever les capacités de défense collective » du pays.
« Cela montre à un adversaire présumé que nous pouvons nous défendre de loin et c’est pourquoi nous croyons que cela aura un effet dissuasif », a confirmé le lieutenant-colonel Johan Hansson, de l’état-major suédois.
Un analyste du Försvarshögskolan (Collège de la Défense nationale) a expliqué à Sveriges Radio que les récents évènements en Ukraine et le réarmement russe avaient accéléré la réflexion à ce sujet. Car il y a encore peu, l’idée de doter les Gripen de missiles de croisière était totalement exclue.
Fin 2013, le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, affirmait en effet que « les missiles de croisière n’avaient jamais été considérés comme devant faire partie des capacités de défense » de la Suède. Aussi, cette annonce marque une rupture avec la posture défensive du pays, neutre et traditionnellement non-aligné.
Sur le plan politique, seuls les écologistes ont exprimé leur désaccord sur cette décision, qui, selon eux, va encourager la course aux armements (pour les Russes, elle est déjà commencée). Le premier parti d’opposition à la coalition de centre-droit actuellement au pouvoir a au contraire soutenu l’acquisition de missiles de croisière.
« Dans une situation tendue, l’on peut avoir besoin de différentes options. Nous ne sommes pas un pays qui ira en attaquer un autre », a ainsi affirmé Peter Hultqvist, le président social-démocrate de la commission de la défense du parlement.
Reste à voir les missiles de croisière qui pourront équiper le JAS-39 Gripen. Selon son constructeur, Saab, il y en aurait au moins deux. Le premier est le Saab Dynamics RBS15F ER, qui est à l’origine un engin anti-navire. Sa portée est supérieure à 200 km et il peut voler à très basse altitude de façon autonome.
Le second est le TAURUS KEPD 350, qui, développé par MBDA et Saab Bofors Dynamics, peut frapper à plus de 500 km de distance avec une précision métrique. Le constructeur suédois précise que cette option pour le Gripen est « à l’étude ».