Le propre de la décadence est de confondre l’art royal de la politique avec les paillettes du spectacle
Néron
L'Eurovision est particulièrement appréciée de la communauté homosexuelle
Sous prétexte de tolérance, on n'admet un travesti "femme à barbe", alors qu'en 2013 le groupe Suisse de l'Armée du Salut « You & me » a dû changer de tenue pour participer à l'Eurosong, car le règlement n'admettait pas les uniformes. Il faut arrêter de se demander pourquoi la jeunesse d'aujourd'hui n'a plus de repères...
Jamais autant qu’aujourd’hui le mot « Occident » n’a signifié le crépuscule. C’est l’heure où la lumière fait s’estomper les différences, les distinctions salutaires pour que tout s’endorme dans une froide pénombre. Ainsi l’Eurovision a été une caricature de cette Europe qui va voter on ne sait trop pourquoi dans quelques semaines. C’est la confusion des genres qui l’a emporté. Mais la confusion la plus grave est d’attacher la moindre signification aux fêtes et aux agitations du show-biz. On a scruté la vedette, emblème de l’idéologie du genre. On a failli voir dans la chansonnette ukrainienne qui ouvrait le cirque une réponse à Vladimir Poutine. Le microcosme du spectacle a ses marottes, ses idoles et ses sorcières. Le propre de la décadence est de confondre l’art royal de la politique avec les paillettes du spectacle. Néron, déjà…
Avant l'Eurosong
Pour l'Eurosong
Pendant ce temps, les choses sérieuses ont lieu ailleurs. Toute décadence est marquée par des fêtes brillantes et souvent vulgaires. Les époques de reconstruction sont plus austères. Elles sont réactionnaires, et donc salutaires. De Gaulle, c’était la tragédie permanente. Avec Hollande, on est davantage dans le vaudeville. Samedi, un travesti barbu autrichien et chantant en anglais a été couronné à l’Eurovision. Pendant ce temps, Poutine était en Crimée, et ne poussait pas la chansonnette mais entonnait l’hymne russe.
Le spectacle actuel du naufrage de l’Europe « occidentale » dans le monde est angoissant. Un continent vieillissant dont l’avenir semble passer nécessairement par une immigration de masse, une civilisation qui renie son passé et ses valeurs, des nations qui ont coloré le monde de leurs identités diverses, et qui disparaissent dans la grisaille d’un échafaudage technocratique, un géant économique et démographique incapable d’une politique indépendante de celle des États-Unis, telle apparaît l’Europe dont on voudrait qu’elle suscite l’enthousiasme de ses « citoyens ».
De plus en plus, l’Europe se résume à n’être qu’un ventre, qui fonctionne assez mal, d’ailleurs. La mauvaise foi outrecuidante et la partialité systématique de l’Europe alignée sur les États-Unis face à la Russie dans les questions syrienne et ukrainienne sont inquiétantes. On en est venu à soutenir objectivement les djihadistes en Syrie et à opposer le bon droit des nationalistes ukrainiens de Maïdan aux manipulations dont seraient victimes les russophones du Donbass.
Pour peu, on brandirait la démocratie occidentale face à la résurrection de l’URSS. La Russie n’est sans doute pas une démocratie parfaite. Mais c’est un immense territoire, très riche, dont la dimension ouvre de nouvelles frontières à conquérir. L’espace y soulève l’espoir. On menace la Russie de sanctions, voire d’un désastre économique. Or, la Russie, contrairement à l’Europe de l’Ouest, ne se résume pas à des données économiques. La fierté nationale y vibre encore intensément. Sa puissance militaire retrouvée est impressionnante. À sa tête, il y a un homme qui fait de la politique, pas du commerce, et qui ne néglige pas le retour de la spiritualité orthodoxe. Face à cette renaissance, l’Occident crépusculaire fait-il le poids ?
Egger Ph.
Réactions
Ce dimanche, des hommes politiques russes (mais aussi Christine Boutin, en France) se sont déchaînés sur Twitter : la victoire de Conchita "a donné un aperçu aux partisans de l’intégration européenne de ce qui les attend en rejoignant l’Europe, à savoir, une fille à barbe" a écrit le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine.
Pour le politicien nationaliste Vladimir Jirinovski, c’est tout simplement le signal de "la fin de l’Europe", a-t-il déclaré à la télévision publique russe, Rossiya-1.
Le travesti barbu autrichien Tom Neuwirth
Au-delà des polémiques suscitées par Conchita Wurst, le comportement de l'Ukraine, de la Russie et de ses alliés a aussi été scruté par les observateurs. Et, selon les résultats détaillés publiés par les organisateurs dimanche, les téléspectateurs russes ont apprécié la prestation de l'Ukraine, qui est arrivée quatrième de cette consultation populaire des Russes, malgré les tensions actuelles entre Kiev et Moscou.
Les téléspectateurs russes ont placé aux deux premières positions le Bélarus et l'Azerbaïdjan, deux pays qui sont des alliés traditionnels à l'Eurovision comme dans la diplomatie. En Ukraine, les téléspectateurs ont placé la Russie troisième, derrière la Pologne (première) et l'Arménie (deuxième). Conchita Wurst n'y est arrivée que cinquième. Les organisateurs de l'Eurovision avaient précisé que les votes des habitants de Crimée seraient comptabilisés comme ukrainiens, pour des raisons techniques
Pour la Russie, les jumelles Anastasia et Maria Tolmachevy sont passées en 15e position sur 26 candidats, perchées sur leur grand balancier. Entendue à la télévision, la réaction du public de Copenhague semblait mitigée. Et quand l'Azerbaïdjan a commencé l'attribution des points, les douze qu'elle a donnés à la Russie ont provoqué des huées. Les plus fins observateurs ont trouvé dans les paroles de "Shine" une étrange ressemblance avec la politique étrangère de Moscou : "Vivre sur la brèche/Plus près du délit/Franchir la limite un pas à la fois." Ou encore : "Personne ne mettra à terre."
Les candidates russes ont été huées à plusieurs reprises lors de la soirée de l'Eurovision 2014.
© Jonathan Nackstrand / AFP
En Russie, au Bélarus et en Ukraine, des pétitions avaient circulé pour protester contre la participation de ce candidat, illustrant le fossé entre Europe de l'Ouest et Europe de l'Est sur la visibilité à donner aux gays.
Le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine a écrit sur Twitter que le résultat de l'Eurovision "a donné un aperçu aux partisans de l'intégration européenne de ce qui les attend en rejoignant l'Europe, à savoir une fille à barbe". "Notre indignation est sans limites. C'est la fin de l'Europe. Elle est devenue dingue. Ils n'ont plus de femmes et d'hommes là-bas, mais un ça à la place", a déclaré le politicien nationaliste Vladimir Jirinovski à la télévision publique russe Rossiya 1. "Il y a cinquante ans, l'armée soviétique a occupé l'Autriche. La libérer a été une erreur. On aurait dû rester", a ajouté le président du Parti libéral-démocrate de Russie.
Le chanteur de rap Timati a posté sur son compte Instagram que la victoire de Conchita Wurst était le résultat d'une "maladie mentale de la société contemporaine". "Je n'aimerais pas avoir à expliquer un jour à mon enfant pourquoi deux hommes s'embrassent ou pourquoi une femme se balade avec une barbe teinte, et que c'est censé être normal", a-t-il ajouté.
Un haut responsable du parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie a raillé lundi la victoire d'un travesti autrichien au concours de chanson Eurovision, se déclarant ravi que son pays n'ait ni participé, ni diffusé l'émission.
«Quand je vois le candidat de l'Autriche qui a remporté le concours de chanson de l'Eurovision, je suis ravi que nous n'y participions plus», s'est réjoui le président de la commission parlementaire des Affaires étrangères, le député du Parti de la justice et du développement (AKP) Volkan Bozkir, sur son compte Twitter.
"Malaise devant #conchitawurtz image d'une société en perte de repères niant la réalité de la nature humaine. Non à cette #Europe là". C'est par ces quelques mots, que Christine Boutin choquée a déploré l'idée qu'un travesti puisse participer au très célèbre concours de chant, remettant ainsi en cause, les valeurs de l'Europe moderne.