Gaspillage : trafic sur les dates de péremption
Difficile de gérer son frigo sans jamais y oublier quoi que ce soit. Le plus simple pour ne rien jeter, serait de consommer à flux tendu. Acheter chaque jour, en fonction de son programme, de sa faim, de ses envies… Prévoir exactement ce que nous allons consommer sur 10, 15 jours voire un mois n’est pas évident. On a pas toujours le temps ou l’envie de gérer sa maison comme une entreprise, faire des menus à l’avance et s’y tenir quoi qu’il arrive… De ce fait, il arrive parfois que certains produits dépassent la date de péremption et qu’ils finissent à la poubelle. Ces dates ne sont pas fiables. En réalité, un produit sous vide conservé au froid se conserve beaucoup plus longtemps que c’est affiché. Mon système : je regarde l’aspect, je renifle et je goûte… Jamais je n’ai été malade. Pour ceux qui auraient des doutes voici ce qu’en dit Que Choisir : les dates sont fixées pour nous pousser à renouveler l’achat plus rapidement. C’est également une pratique utilisée par Big Pharma avec les médicaments.(1)
Consommez….. Consommez….
Selon l’association UFC Que Choisir, la date limite de consommation est raccourcie pour des raisons marketing dans 3 cas sur 10.
Comment lutter contre le gaspillage alimentaire ? En encadrant mieux les dates de péremption des produits, juge l’UFC Que Choisir. Alors que les Français jettent chaque année 20 kgs de nourriture dont 7 kgs de produits qui n’ont même jamais été déballés, l’association de consommateurs épingle l’incohérence du cadre réglementaire concernant les dates limites de consommation ainsi que son contournement par les industriels.
Il existe, en effet, deux types de dates limites : la DLC, « date limite de consommation », précédée sur les étiquettes de la mention « A consommer jusqu’au/avant », et la DLUO, « date limite d’utilisation optimale », précédée de la mention « A consommer de préférence avant ». La réglementation européenne impose que les aliments les plus périssables soient porteurs d’une DLC, qui signifie qu’au delà de cette date leur consommation peut s’avérer dangereuse pour la santé. Les DLUO, elles, indiquent seulement la date au delà de laquelle les qualités gustatives se dégradent mais n’alertent pas sur le risque sanitaire.
La coexistence de ces deux mentions sème la confusion, estime l’UFC que Choisir. Ainsi, 18 % des consommateurs européens ne comprenant pas la mention « a consommer de préférence avant le », l’interprètent comme une date limite de consommation et se privent donc de consommer des produits parfaitement sains.
A la suite du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), l’association de consommateurs appelle donc lespouvoirs publics à réviser les mentions précédant ces deux dates « afin de lever toute ambiguïté sur leur signification pour les consommateurs ».
D’autre part, il est nécessaire d’encadrer la définition des dates limites de consommation, qui peuvent être raccourcies par les industriels afin d’accélérer les rotations en magasins, alerte l’UFC que Choisir.
L’association de consommateurs a passé au crible un panier de dix produits porteurs d’une DLC, observant leur évolution sanitaire à partir de la date limite, puis à trois dates ultérieures : de 4 jours à 10 semaines après la DLC. Si la qualité sanitaire s’altère très rapidement pour la viande – jambon et filets de poulet – l’association constate que pour trois produits sur dix, notamment les yaourts et les crèmes dessert, les DLC ont été raccourcies pour des raisons marketing. L’association appelle donc les pouvoirs publics à se saisir du sujet afin que ces DLC soient établies sur la base de critères strictement sanitaires.
Laurence Abadie
(1) http://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/medicaments-le-gachis-des-dates-d-expiration-26-12-2012-1606037_57.php
http://lesbrindherbes.org/2014/05/14/gaspillage-trafic-les-dates-peremption/