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mardi 27 mai 2014

La flotte perdue d'Alexandre le Grand


5 000 hommes portés disparus



Après les Carthaginois et les Phéniciens, des Grecs aussi on a dit qu’ils avaient tenté l’aventure américaine. Il faut bien avouer qu’il faudrait des arguments solide pour nous en convaincre.

Certes, la légende de Xolotl, le dieu à tête de chiendes Aztèques qui transportait les morts, à qui l’on introduisait dans la bouche une feuille d’or ou de cuivre, n’est pas sans évoquer Charon, le nautonier des morts, Cerbère, le Tartare et le Styx — mais qu’en dire d’autre?

Linguistiquement, il est difficile d'imaginer que les Aztèques et les Grecs soient tombés presque exactement sur le même mot pour désigner la divinité : « Theos » en grec, « Teo » en nahuatl, langue des Aztèques. C'est ainsi que Teotihuacan, site célèbre près de Mexico, signifie « Où les hommes sont devenus dieux » .

Il est aussi frappant que le personnage qui soutient le ciel, dans la mythologie grecque s'appelle Atlas et, qu'en nahuatl encore, le ciel se dise « Azt » (les Aztèques se disaient venus du ciel, via une île appelée Aztlan). Or, coïncidence, Aztlan se trouvait dans l'Atlantique, ainsi nommé, lui, en référence aux monts Atlas. Ce genre de concordances ne pourraient-elles s'expliquer tout simplement par l'universalité de certains traits fondamentaux de l'esprit humain ?

La présence des préfixes Thia-, Tia- dans Tiahuanaco, n’est guère plus éloquente, ni certaines ressemblances toponymiques se rapportant aux fleuves et rivières et faisant intervenir le préfixe poti- (Poti, Potijuaro, Potiguerra) qui,chez les pré-hellènes de Grèce, signifiait « petite rivière ».

Les habituelles citations de Claude Elien rapportant les dires de Silène à Midas ne nous font pas sortir de l’anecdote. Plutarque parle bien d’une contrée gouvernée par Mérope, mais sans préciser laquelle. On peut y voir celle dans laquelle Hercule avait rencontré l’usage de grec, mais ses habitants ne connaissaient pas le fer. Et les éventuelles allusions à l’Amérique faites par des auteurs grecs sont trop obscures pour qu’il vaille la peine de s’y arrêter, d’autant qu’il s’agit vraisemblablement d’informations arrivées en Grèce par l’intermédiaire des Carthaginois.

 Une chose, tout de même, a fait sensation, qui s’est produite à l’époque de la 113e Olympiade. On sait qu’Alexandre le Grand, vers l’an — 323, avait concentré une flotte nombreuse dans la région du golfe Persique. Certains auteurs parlent même de 800 navires et de 5 000 hommes d’équipage. Or, soudain, à la mort du grand roi, cette flotte a disparu.

La veille du décès d’Alexandre, les navires avaient appareillé pour une destination inconnue. Il est peu probable, en tout cas, que les pilotes se soient dirigés vers le sud-ouest pour contourner la péninsule arabique. Ils n’auraient, en effet, trouvé sur le littoral arabe aucun port où accoster et refaire leurs réserves d’eau.



Il est donc beaucoup plus vraisemblable que la flotte soit partie en direction de l’Orient pour gagner les riches ports des Indes, ou l’Indonésie et de là...« Ne faudrait-il pas voir là l’origine des voiles latines triangulaires spécifiques à la Méditerranée découvertes par le capitaine Cook chez les Indigènes des îles de l’océan Pacifique et de l’ouest de l’océan Indien? » demande l’historien russe Alexandre Gorbovski, notons que, grâce à ces voiles, les indigènes naviguaient contre le vent à une vitesse supérieure à celle des petites chaloupes de l’explorateur anglais.

Mais l’aire de diffusion de ce type de voile s’étend bien au-delà de l’Indonésie, jusqu’aux Amériques, en suivant une ligne qui passe par les îles de la Sonde et par la Colombie britannique avant d’aboutir au Pérou.

Dans son livre As Duas Americas, Candido Costa raconte qu’en 1832 (1), un fermier aurait trouvé à Villa das Dores, près de Montevideo, un très ancien tombeau recouvert d’une dalle de pierre sur lequel on discernait encore les traces presque effacées d’une inscription. Sous la dalle s’ouvrait un caveau et, dans le caveau, une jarre contenait des cendres. Aux alentours de la jarre, des armes et un casque métalliques complétaient l’ensemble. Un érudit uruguayen, le père Martins établit que l’inscription était en grec ancien et déchiffra un début de phrase :

" Alexandre, fils de Philippe, était roi de Macédoine à l'époque de la 113° olympiade. Ici Ptolémée. ". Le reste de l'inscription avait été effacé par l'érosion. 

En publiant la description des objets trouvés dans le tombeau, Martins précisa que l’une des épées était ornée d’une effigie à tête humaine et qu’une scène de combat était représentée sur le casque. Dans cette scène, lui, Martins, voyait l’épisode de la guerre de Troie au cours duquel Achille traîne le corps d’Hector autour des murs de la ville. Puis les objets prirent le chemin d’une collection privée avant d’avoir été soumis à une étude scientifique véritable.

Le professeur autrichien Ludwig Schwenhagen auteur de "Antiga História do Brasil – de 1100 a.c. a 1500 d.c" accorda par la suite beaucoup trop d’importance à cette découverte qui est, au bout du compte, extrêmement sujette à caution.

Bien sûr, si le tombeau a effectivement existé, il doit être lié à l’aventure de la flotte perdue. Mais cela signifierait qu'ils avaient été à deux doigts de réaliser le voyage de Magellan à rebours. Cela n’est guère soutenable et ce ne sont pas les voiles latines du Pacifique ni cet hypothétique tombeau qui suffiront à l’établir.

Certains auteurs se sont, depuis, demandé pourquoi on n’avait retrouvé aucune trace de ce voyage dans les îles du Pacifique jalonnant le trajet supposé de la flotte. Jamais à court d’arguments, les tenants du voyage grec vers l’Amérique ont fourni un élément de réponse. Il s’agit de la présence du casque grec chez les guerriers du Pacifique, d’Hawaï principalement et sur les poteries péruviennes mochica.  


L’argument est pauvre et ne tient pas compte de la chronologie la plus élémentaire qui suffit à éclaircir ce point. Les Mochicas utilisèrent en effet ce motif d’illustration au moment du plus grand épanouissement de leur culture, aux IVe-VIIe siècles de notre ère. Ils le tenaient des insulaires du Pacifique qui, eux, avaient réellement navigué vers l’Amérique. S’il y avait à s’interroger, ce serait donc sur la présence du casque grec à Hawaï, pas au Pérou.


Mais si les Grecs n’ont jamais fait voile vers l’Amérique, il demeure qu’ils ont rempli le monde de mythes qui ont relancé, entretenu et amplifié une tradition qui poussa à l’accomplissement réel des rêves les plus fantastiques.

(1) On peut retrouver un article d'époque dans la Gazete de Lisbonne, nº 103, 2 Mai 1832. Books.google.pt (page 525).


Bibliographie :
Pierre Carnac, L'histoire commence à Bimini. (Robert Laffont, 1973)
Candido Costa : As Duas Americas, Rio de Janeiro, 1925, p. 46
Histoires diverses d'Élien, A. Delalain (Paris), 1827.
Lettres américaines, conte G.R Carli, 1788.

Photos :
1) A gauche, une représentation de Xolotl dans le Codex Fejérváry-Mayer ; à droite, Cerbère sur une hydrie à figures noires, v. 525 av. J.-C., musée du Louvre.
2) Alexandre blessé, visite la flotte en Inde. Gravure d'André Castaigne (1898-1899).
3) A gauche, un casque (mahiole) de Hawaï ; á droite, une représentation de Kukailimoku, dieu hawaiien de la Guerre. Photos de 1899, disponible ici Archive.org
4) Poterie mochica : guerriers