De Rechthalten (Dirlaret) & Sankt Ursen (St-Ours), Canton de Fribourg (en Nuitonie), Suisse
dimanche 18 mai 2014
Les humains les plus petits vivraient plus longtemps
Selon une nouvelle étude, les personnes les plus petites pourraient vivre plus longtemps que les autres. Ce phénomène serait lié à un certain allèle du gène FOX03, surnommé le gène de la longévité, qui provoque une croissance limitée.
Vivons vieux, vivons tassés ? Une équipe de médecins hawaïens a découvert que les hommes de petite taille pourraient vivre plus vieux que les autres, du moins dans la population américaine d’origine japonaise. Un phénomène pour lequel la présence d’un gène de la longévité jouerait un rôle crucial, d'après les travaux publiés le 7 mai dans la revue en ligne PLoS ONE.
Pour en arriver à cette surprenante conclusion, environ 8.000 hommes, tous d’origine japonaise et nés entre 1900 et 1919, ont été surveillés à Hawaï depuis 1965. Actuellement, 250 d’entre eux sont encore vivants. Le choix de l’archipel américain a facilité les travaux pour trois raisons. D’abord il y existe une très forte communauté asiatique et en particulier japonaise. Ensuite, ces habitants ont peu tendance à déménager, ce qui facilite leur suivi. Enfin, c’est l’Etat américain avec la plus haute espérance de vie.
Plus on est grand, moins on vit longtemps
Au cours de l'expérience, les hommes ont été classés en fonction de leur taille. "Nous avons séparé les patients en deux groupes : ceux qui faisaient au maximum 1m57 et ceux qui faisaient 1m63 et plus", explique Bradley Willcox, professeur au centre de gériatrie de l’université d’Hawaï. De là, les chercheurs ont comparé les données obtenues depuis 1965 entre les groupes d'hommes.
Ils ont alors constaté une corrélation entre la taille et la longévité. "Ceux qui faisaient 1m57 et moins ont vécu le plus longtemps. Cette tendance est observable tout le long de l’échantillon de 1m52 à 1m83. Plus on est grand, moins on vit longtemps. Mais quelle que soit notre taille, même grande, on peut toujours vivre de façon saine", ajoute Bradley Willcox.
Un gène en cause
Grâce à leurs recherches, les scientifiques ont constaté que les hommes petits ont plus de chances de porter une version protectrice du gène de la longévité appelé FOX03, qui provoque une plus petite taille au début du développement. Ces hommes avaient aussi un niveau d’insuline plus bas dans le sang et moins de cancers.
"Cette étude montre pour la première fois que la taille est liée à ce gène", poursuit Bradley Willcox. "Nous savions que c’était le cas dans les modèles animaux de vieillissement, mais nous ne le savions pas pour les humains. Nous avons la même version de ce gène, à peu de choses près, que chez la souris, les ascarides, les mouches et même certaines levures, et c’est un facteur important de longévité chez toutes ces espèces".
Pour l'heure, on ignore encore le lien précis entre FOX03 et une plus grande longévité mais les chercheurs pensent que l'insuline interviendrait dans le mécanisme. En effet, le gène est connu pour jouer un rôle dans la régulation de cette molécule, ce qui permettrait de réduire le risque cardiovasculaire et donc le risque de mourir d'un tel problème. Mais d'autres facteurs pourraient intervenir.
Des cellules moins utilisées
"Les gens naissent avec un nombre limité de cellules, ceux qui sont plus grands ont besoin de plus de cellules alors ils grandissent et utilisent davantage ces cellules. Je pense que si on est plus petit, on garde une réserve de cellules utilisables plus tard dans la vie. Cela pourrait avoir un impact sur le fait que les gens petits ont une meilleure espérance de vie", indique le Dr Tim Donlon qui a participé aux travaux.
Les chercheurs vont à présent tenter de voir si ce phénomène est spécifique à la population d‘origine japonaise ou si il est plus généralisé.