Le stand était le même qu’à Genève (voir article ici), affirme une personne arabophone. D’après la police fribourgeoise, il aurait été en règle. Pourtant, il arborait à nouveau le nom du groupe jihadiste Ansar Al-Charia.
Fribourg, le 6 juin 2014. Contrôle de la police fribourgeoise.
Image: Info lecteur
Un stand pourrait à nouveau avoir été tenu par des sympathisants d’Al-Qaida, ce vendredi après-midi au centre de Fribourg, à la rue de Romont. «Une organisation musulmane a effectivement tenu un stand entre 14h00 et 18h00, confirme un porte-parole de la police fribourgeoise, mais elle a reçu une autorisation et tout restait dans le cadre légal. Les personnes qui tenaient le stand ont été contrôlées. Elles sont en train de plier bagage, conformément à l’horaire. Nous avons pris des images du drapeau et notre spécialiste procédera à une analyse.»
«Ce stand arbore à nouveau le nom du groupe Ansar Al-Charia», réagit une personne arabophone. «C’est le même stand qu’à Genève, affirme-t-elle. Le drapeau a par contre été inversé.» En effet, le drapeau des jihadistes contient le premier verset du Coran en blanc sur fond noir, et non l’inverse. Pris isolément, ce verset n’a rien d’un appel au jihad (guerre sainte). En blanc sur fond vert, accompagné d’un sabre, il forme d’ailleurs le drapeau de l’Arabie saoudite.
Par deux fois, des membres de la communauté musulmane de Genève ont donné l’alerte après avoir remarqué la présence de stands tenus par des islamistes radicaux (lire: Des sympathisants d’Al-Qaida auraient trompé les autorités). Ils arboraient le drapeau noir des jihadistes et le nom de Ansar al-Charia, un groupe tunisien de salafistes djihadistes, considéré comme terroriste notamment par les États-Unis et la Tunisie.
Drapeau interdit
«Le drapeau noir des jihadistes est en principe considéré comme un symbole du djihad et n’est pas toléré», explique le porte-parole du Service de renseignement de la Confédération (SRC), Felix Endrich, contacté à propos des stands tenus à Genève. «Le SRC travaille en collaboration avec les cantons et les rend attentifs au fait que, sur la base de l’ordonnance sur Al-Qaida, la propagande ainsi dispensée représente un délit d’office qui est poursuivi par les autorités judiciaires cantonales.»
Actuellement, le SRC surveille une quarantaine de personnes de provenance suisse qui sont parties dans une zone de djihad dans les 15 derniers mois. «La moitié d’entre eux sont partis en Syrie; les autres se sont rendus en Somalie, en Afghanistan, au Pakistan, au Yemen ou en Irak», précise le porte-parole.
«Ils se la coulent douce en Suisse»
Jeudi, des médias tunisiens se sont étonnés de la présence d’Ansar Al-Charia à Genève. «Classée organisation terroriste notamment en Tunisie, aux Etats-Unis, et au Royaume-Uni, Ansar Al-Charia se la coule douce en Suisse», écrit le webzine Webdo. «Ansar Al-Charia s’exporte et fait du street marketing au centre de Genève», titre pour sa part le portail Tuniscope. D’autres médias, plus sévères, pointent du doigt la «responsabilité» de la Suisse.