En Turquie, il y a une famille avec un trouble génétique apparent qui les pousse à marcher à quatre pattes. Les scientifiques ont tout d’abord émis l’hypothèse qu’ils étaient un exemple de "dévolution" ou atavisme, un retour arrière vers notre passé de quadrupède. Un nouveau document de recherche conteste cette hypothèse, offrant une explication beaucoup plus raisonnable.
Ce trouble physique a été décrit dans un documentaire de la BBC, en 2005, intitulé : “The Family That Walks On All Fours" (La famille qui marche à quatre pattes, vidéo ci-dessous). Le documentaire explore l’histoire de cinq personnes, quatre femmes et un homme, de la famille Ulas, qui présentent un style de marche quadrupède qui n’avait pas encore été décrit.
Depuis, le syndrome a été documenté dans d’autres familles turques, conduisant à la proposition d’une maladie génétique appelée, syndrome Uner Tan, du nom de son découvreur, un biologiste évolutionniste turc.
Avec ce curieux mode de déplacement, le syndrome est caractérisé par un certain nombre d’autres problèmes comprenant une hypoplasie cérébelleuse, qui engendre une perte de l’équilibre et de la coordination, et une altération des capacités cognitives.
Certains scientifiques ont interprété l’usage habituel de la démarche à quatre pattes en passant à travers la lorgnette de l’évolution, suggérant que c’est une ancienne expression de notre passé de primate quadrupède, un caractère primitif qui serait réapparu après plusieurs générations. Cet atavisme, affirme Tan, est un trait vestigial refoulé “qui est tapi sous la surface génétique”, un peu comme la queue prénatale qui apparait chez certains bébés (le coccyx, qui continu son développement en faisant apparaitre le vestige d’une queue perdue).
Le documentaire “The Family That Walks On All Fours” de la BBC :
Pour le prouver, Shapiro a comparé les allures de personnes atteintes du syndrome Tan Uner aux styles de marche des quadrupèdes non humains, comme les babouins et les chats.
Exemple de séquences utilisées dans l’étude :
Après avoir observé plus de 500 foulées quadrupèdes à partir de séquences vidéo de personnes affectées par le syndrome, les chercheurs ont constaté que ces humains utilisaient une séquence latérale (par bipèdes latéraux) et non en séquence diagonale (bipèdes diagonaux, l’allure des quadrupèdes).
Une des séquences étudiées, tirée de l’étude (Shapiro LJ, Cole WG, Young JW, Raichlen DA, Robinson SR, et al).
Les chercheurs concluent dans leur étude qu’en fait, la quadrupédie présentée par les individus souffrant du syndrome Uner Tan ressemble à celle de personnes adultes et saines invitées à marcher en quadrupède dans un cadre expérimental.
La quadrupédie chez les adultes en bonne santé ou celles qui ont un handicap physique peut être expliquée à l’aide des principes biomécaniques plutôt que sur des hypothèses basées sur l’évolution.
La science démontre, une fois de plus, que l’explication la plus simple est souvent la meilleure.