Suzan G. LeVine tente de comprendre pourquoi les stations d’hiver manquent de discipline.
(Gian Ehrenzeller/Keystone)
L’ambassadrice des Etats-Unis s’est étonnée de l’inefficacité des remontées d’Adelboden et de ses files désordonnées. On a frisé l’incident diplomatique
«Ich habe eine Frage: I’m trying to understand the chaos in the lift lines at Swiss ski resorts…» Zut, Mme l’ambassadrice a un problème. Celui du «chaos» qui, selon, elle, règne au cœur des files de skieurs qui s’agglutinent au pied des téléskis suisses.
Suzan G. LeVine, représentante des Etats-Unis en Suisse, vient de le faire savoir haut et fort après ses vacances de neige. Ella ainsi frisé l’incident diplomatique sur son compte Twitter (@AmbSuzi) , où elle est suivie par près de 2000 abonnés. Mais surtout sur Facebook (AmbSuzi LeVine) , où elle explique ses déboires de skieuse pas comme une autre.
Quels sont-ils, ses malheurs? «Hier», écrit-elle le 2 janvier 2015 à 10h36, «nous avons passé une merveilleuse journée à Adelboden». Sur les photos qui accompagnent ce post, elle précise qu’on voit sa fille et, saisie romantique du paysage, «la lune se levant derrière la crête des montagnes». Bref, le paradis, dans la poudreuse et sous un ciel bleu pétard. Rien de particulièrement désagréable jusqu’ici.
D’ailleurs, la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis en Helvétie, depuis sept mois qu’elle est en poste, n’a pas manqué une seule occasion de souligner combien le pays était «sensationnel». Elle a aussi prêté serment sur une tablette, qu’elle a ensuite offerte au Musée de la communication de Berne.
Puis elle a confié au Temps qu’être très active sur les réseaux sociaux, habitude peu commune parmi les diplomates, c’était pour elle le moyen de dire son admiration du système politique helvétique. Et «les réseaux sociaux sont le meilleur exemple de démocratie directe. Je les utilise comme un moyen de m’adresser aux gens, de partager et de leur parler avant même de les rencontrer».
Mais dans l’Oberland bernois, les choses se sont un peu gâtées lorsqu’elle a fait aveu de sa «perplexité» – le terme reste sur le mode châtié des diplomates – en voyant «la mêlée» de skieurs qui s’agitait en direction des remontées mécaniques. Un vrai «chaos», dit-elle donc, qui déclenche en elle ces deux questions abyssales: «Y a-t-il une manière optimale de naviguer dans la file?» Et «y a-t-il des stations suisses qui font mieux?», notamment en gérant avec plus d’efficacité l’occupation complète des sièges disponibles sur les remontées.
«Bonne chance», lui rétorque une demi-heure après un certain Markus Maurer, sous-entendant ce que Thibaut Schaller, correspondant parlementaire de la RTS, lui confirme dans la foulée: «C’est la manière qu’ont les Suisses de se mélanger. Peut-être la seule manière» (avec un smiley). «Et parfois, la discussion s’engage, ou plus.» Si entente, puisque le journaliste précise qu’il peut s’agir d’«une histoire d’amour, etc.»
Du coup, la conseillère nationale démocrate-chrétienne de Bâle-Campagne Elisabeth Schneider-Schneiter renchérit en conseillant simplement à Son Excellence de ne pas prêter attention à tout cela, «comme ça, vous aurez assez de temps pour parler avec les gens». Dans la même veine, moins polie, de ceux qui pensent que l’important, c’était ce jour-là la neige enfin arrivée en station et non ces petits «problèmes» insignifiants. «Any more questions?» ajoute Hans-Peter Pauli, un poil agacé.
Le hasard a voulu que tout cela arrive au moment où un haut responsable touristique tyrolien a vertement critiqué, dans la Zentralschweiz am Sonntag, l’accueil que réservent les Suisses à leurs touristes: la rengaine habituelle, qui engendre toujours de gaies polémiques médiatiques, de ces stations de ski qui voudraient l’argent des skieurs sans les skieurs.
Mais, belle joueuse et pleine d’allant, Mme LeVine ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Son but était, visiblement, de «partager» – comme on le dit sur les réseaux sociaux – ses expériences. Elle a notamment fait appel aux internautes pour comparer la situation, avec les stations américaines. Le Blick a aussitôt saisi la perche, pour expliquer que le président de Suisse Tourisme, Jürg Schmid, avait encouragé la représentante de ce grand pays – si souvent jugé comme arrogant envers la Suisse, et son système fiscal, surtout – à lui faire rapport à la fin de la saison sportive hivernale.
Mais, belle joueuse et pleine d’allant, Mme LeVine ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Son but était, visiblement, de «partager» – comme on le dit sur les réseaux sociaux – ses expériences. Elle a notamment fait appel aux internautes pour comparer la situation, avec les stations américaines. Le Blick a aussitôt saisi la perche, pour expliquer que le président de Suisse Tourisme, Jürg Schmid, avait encouragé la représentante de ce grand pays – si souvent jugé comme arrogant envers la Suisse, et son système fiscal, surtout – à lui faire rapport à la fin de la saison sportive hivernale.