Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 11 janvier 2015

Les nouveaux McGyver de l’info


Comment meubler des heures de direct avec rien. Les chaînes d’information en continu font plus fort que les canaux sportifs.

Depuis la tuerie de «Charlie Hebdo», les chaînes françaises d’information en continu ont choisi de consacrer la totalité de leur temps d’antenne à la traque aux auteurs présumés. Sur un écran bardé d’avertissements («Edition spéciale», «Alerte info», «Direct», «Je suis Charlie», «L’assaut», «Double assaut»), on fait le ping-pong entre les présentateurs en plateau et les différents envoyés spéciaux. Bien avant le dénouement d’hier soir, heure après heure, le feuilleton a tourné en boucle sur LCI, I-Télé, BFMTV et France 24, dans un flot de paroles et d’images ininterrompu.

Ce ballet a été proprement saisissant. Ces hommes et ces femmes, qui doivent tenir le crachoir pendant une bonne vingtaine d’heures consécutives, avec des infos qui tombent au compte-gouttes, sont les nouveaux McGyver de l’information. Avec une demi- cacahuète et un couteau suisse, ils te changent fissa une mobylette en voiture de course.

Jeudi après midi, alléchée par son pin-pon quotidien, la mêlée bourdonnante s’est déplacée en Picardie, devant la station-service de Villers- Cotterêts qui aurait reçu la visite des deux tueurs quelques heures plus tôt. Sur BFMTV, c’est Stéphanie qui fait face à la caméra de midi à 18 h, à raison de quatre à cinq interventions par heure, posée à une centaine de mètres des pompes à essence. Et que nous révèle Stéphanie? Rien que l’on ne sache déjà via les dépêches des agences de presse tombées avant même qu’elle n’arrive sur place. La journaliste nous dit que la police et la gendarmerie sont à l’intérieur de cette station-service en pointant du doigt les uniformes. Imparable.

Stéphanie nous affirme aussi que trois hélicoptères survolent la zone, en montrant les engins. Dans le mille. Stéphanie précise également que les hommes recherchés par les forces de l’ordre ont pris la poudre d’escampette après avoir fait le plein. Tout juste. Et qu’ils étaient, selon le gérant, cagoulés et lourdement armés. Sur parole.

Les collègues des chaînes concurrentes, plantés à trois mètres de notre tragédienne, fredonnent pile la même rengaine. D’une intervention à l’autre, on change de position, histoire de placer, en arrière-plan, la station d’essence sous un autre angle. Entre les correspondants de LCI, d’I-Télé, de BFMTV et de France 24, à raison d’une trentaine de prises d’antenne par journaliste, on aura donc vu 120 «en direct de Villers-Cotterêts» dans l’après-midi, soit un total de quatre heures de télévision pour répéter qu’on ne sait rien.

Les commentateurs qui se sont coltinés le dernier Chypre-Suisse de football (0-0) se sentent moins seuls.

Vincent Chobaz