Le Canton veut donner un signal à Berne pour que le moratoire national soit prolongé.
Fribourg serait le sixième canton à bannir les OGM de son territoire
Fribourg s’apprête à interdire la culture d’OGM sur son territoire. Le Grand Conseil a accepté mardi après-midi l’entrée en matière d’une révision en ce sens de sa loi cantonale sur l’agriculture. Sa majorité avait déjà approuvé l’an dernier le principe d’une telle interdiction. Mais, divisés sur ses contours, les députés ont décidé cette semaine de repousser les débats au mois de mai.
Les anti-OGM rêvent d’un canton totalement exempt de génie génétique: «Nous devons frapper fort pour montrer au Conseil fédéral et au parlement que le peuple et les cantons ne veulent pas de produits transgéniques!» plaide le député Dominique Corminbœuf (PS).
Pas d’accord, rétorque le Conseil d’Etat: «La culture des OGM présente des risques mais nous ne devons pas décourager la recherche», rétorque la conseillère d’Etat Marie Garnier (Verts). Appel entendu: à trois voix près, le Grand Conseil a accepté hier un amendement décrétant que l’interdiction exclurait la recherche et respecterait «les limites du droit fédéral». Soulagement pour le Conseil d’Etat, qui craint qu’une telle interdiction n’entrave le regroupement prévu entre le centre fédéral de recherche de Liebefeld (BE) et celui de Posieux (FR).
Les anti-OGM comptent revenir à la charge dans la suite des débats, en mai, et torpiller cet amendement. Le moratoire national sur les OGM prendra fin en 2017. «Les Chambres fédérales en débattront dans une année et il importe d’avoir un maximum de cantons avec nous», explique Dominique Corminbœuf.
Vaud a dit non
Fribourg serait le sixième Canton à bannir les OGM de son territoire. Mais les autres ont pris soin de ne pas piétiner les prérogatives fédérales. Vaud a modifié sa loi sur l’agriculture en 2010, précisant en toutes lettres le respect de la législation fédérale. «C’était un compromis, admet le député Vassilis Venizelos (Verts), mais il ne nous coûte pas grand-chose, sachant qu’une majorité populaire reste opposée aux OGM.»
Genève a également banni les OGM en 2005, mais avec une mesure subtile. L’article 43 de la loi cantonale sur l’encouragement de l’agriculture prévoit que les exploitants qui utiliseraient des OGM se verraient privés de subventions cantonales.
La voix de Fribourg contre les OGM ne changera guère la donne au niveau national, admet Luigi D’Andrea, secrétaire exécutif du groupe de travail Stop OGM. Mais, selon lui, «la décision fribourgeoise sera un pas de plus dans un lent processus de prise de conscience populaire. La Suisse alémanique a encore de la peine à se mobiliser.»
Exaspération
Toute cette agitation en exaspère d’autres, tel le conseiller national Fathi Derder (PLR/VD): «Je déplore que le débat sur les OGM soit devenu une querelle de religion. Il n’est plus possible de faire valoir un seul argument rationnel.» Le Vaudois, «ni pour ni contre les OGM» à titre personnel, regrette qu’aucun débat politique n’ait à ce jour tenu compte du programme de recherche PNR 59. Lequel avait conclu, en 2012, à l’innocuité des OGM. «On engage et on finance les meilleurs chercheurs du pays pour ignorer et jeter aux orties leurs conclusions, un comble!»