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mercredi 25 février 2015

Installer des filets pour empêcher les suicides depuis le pont de Zaehringen?


Ces deux suicides interpellent certains habitants du quartier de l’Auge qui souhaitent l’installation de filets de protection sur l’ouvrage. © Alain Wicht/La Liberté 


Deux personnes ont récemment mis fin à leurs jours en sautant depuis le pont de Zaehringen. Une situation qui inquiète les habitants mais aussi deux élues du Conseil général qui souhaitent l’installation de filets de sécurité.

Deux événements tragiques se sont déroulés récemment sur le pont de Zaehringen à Fribourg. Deux personnes s’y sont donné la mort en sautant dans le vide. Ces deux suicides interpellent certains habitants du quartier de l’Auge qui souhaitent l’installation de filets de protection sur l’ouvrage. La question a également été posée, lundi soir, par les conseillères générales Manon Delisle (PS) et Béatrice Acklin Zimmermann (PLR) lors de la dernière séance du Conseil général de la ville.

«Le problème c’est qu’il y a, sous le pont, une place de jeux, une école et une aire de pique-nique», résume Claude Haymoz. Pour cet habitant du quartier, la situation ne peut plus durer. «Il y a eu trois suicides en moins d’un an et, il y a environ deux ans, une personne est tombée devant le bus scolaire… Sans oublier les chauffeurs des bus des Transports publics fribourgeois (TPF) qui n’ont parfois plus envie de conduire sur cette ligne», poursuit celui qui a contacté, à ce propos, les Intérêts du quartier de l’Auge.

Une association qui s’apprête à écrire une lettre à la commune afin de sécuriser le pont de Zaehringen. «C’est un problème», confirme la coprésidente, Anne Folly. «Il ne s’agit pas de cacher ces drames, qui peuvent être perturbants pour les enfants comme pour les adultes, mais de préserver les vivants. Jusqu’à présent, personne n’est tombé sur quelqu’un mais cela pourrait arriver», explique-t-elle.

A qui appartient le pont?

La ville prévoit-elle, dans ces conditions, la pose de filets? «Il faut d’abord régler la question de la propriété du pont pour déterminer qui peut faire quoi. Il a toujours été dit qu’une fois le pont de la Poya ouvert, la ville hériterait du pont de Zaehringen. Or, l’Etat n’a pas encore effectué ce changement de propriété», indique l’ingénieur de ville, Fabien Noël. «Le pont de Zaehringen appartient à la ville depuis l’ouverture du pont de la Poya!», répond Corinne Rebetez, responsable de la communication auprès de la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions (DAEC) en ajoutant encore: «Il n’existe aucune norme au niveau cantonal régissant de tels systèmes de sécurité. En principe, ils sont installés au cas par cas.»

Et l’architecte de ville, Nicole Surchat Vial, de renchérir: «Nous avons envisagé des mesures dans le cadre du projet de requalification du quartier du Bourg qui est en projet. Nous avons dès lors contacté la police cantonale afin de savoir si les suicides étaient en augmentation sur ce pont. Celle-ci nous a répondu par la négative. Par conséquent, nous ne prévoyons pas d’interventions particulières», note-t-elle.

L’exemple bernois

Pour Manon Delisle, les filets de protection ont pourtant fait leurs preuves. «La ville de Berne, qui a un haut taux de suicides, a installé il y a une dizaine d’années des filets de protection à la Münsterplattform et ceci sur un monument protégé. Depuis, il semblerait qu’il n’y ait plus eu de tentatives à cet endroit et que le taux de suicides n’ait pas augmenté ailleurs en ville», remarque l’élue socialiste.

Un avis que partage Irina Inostroza, chargée de projet à Stop Suicide. «Des études ont montré que les filets sont plus efficaces que les barrières, lesquelles sont moins dissuasives. Le Golden Gate (pont à San Francisco, n.d.l.r.) se serait même inspiré des filets posés à Berne!»

Le pont de Zaehringen est un «hotspot»

Une étude datant d’avril 2014 de l’Office fédéral des routes (OFROU) consacrée aux suicides sur les ponts en Suisse a répertorié des «hotspots», soit des ponts où le taux de suicides a été particulièrement élevé entre 1990 et 2010, indique Irina Inostroza de Stop Suicide. Le pont de Zaehringen figure au 13e rang suisse (sur 21 recensés) et a enregistré seize suicides entre 1990 et 2010. Les ponts bernois Kirchenfeldbrücke et Kornhausbrücke y figuraient en première et deuxième positions. Une situation qui a évolué puisque les deux ouvrages ont depuis été sécurisés. Le pont de Grandfey se classe quant à lui à la sixième place.

Selon les statistiques de la Police cantonale fribourgeoise, sur un total de 52 suicides enregistrés en 2013, deux ont eu lieu sur le pont de Zaehringen. Un seul cas a été dénombré en 2014 sur 39 suicides.

L’étude de l’OFROU révèle en outre que le suicide par saut est la quatrième méthode la plus utilisée en Suisse. Un tiers des suicides ont lieu depuis des ponts. De plus, les personnes qui choisissent ce procédé sont sensiblement plus jeunes et sont souvent atteintes de schizophrénie. L’OFROU recommande aux autorités de prendre des mesures de sécurisation estimant qu’elles ont un réel effet dissuasif.

Stéphanie Schroeter