De Rechthalten (Dirlaret) & Sankt Ursen (St-Ours), Canton de Fribourg (en Nuitonie), Suisse
lundi 16 février 2015
La Suisse reste et restera un îlot de cherté
Le taux plancher n'est plus mais les différences de prix avec les pays voisins restent énormes. Certaines multinationales ne manquent pas de raisons pour expliquer leurs tarifs inchangés en Suisse.
De nombreux détaillants en Suisse n'ont pas manqué de clamer haut et fort qu'avec la fin du taux plancher, ils abaisseraient les prix des produits importés. Mais les faits sont têtus et il ressort que l'écart des tarifs avec la zone euro reste très important. (Cliquer sur tableau comparatif ci-dessous)
Autant l'adaptation a été rapide pour les fruits et légumes, autant elle reste chaotique dans de nombreux autres secteurs. En partie parce que les négociations avec les fournisseurs sont toujours en cours ou viennent de se conclure, comme l'a constaté le Tages-Anzeiger dans son édition du 16 février.
Un premier accord avec Procter & Gamble
Le détail de ces discussions reste encore confidentiel mais certaines multinationales rappellent qu'elle ne peuvent pas adapter leurs prix facilement car leurs filiales helvétiques ont des coûts suisses. Et les détaillants de rétorquer que ces groupes veulent garder leurs fortes marges en Suisse.
Un accord a ainsi été trouvé avec Procter & Gamble, ce qui a permis à Migros de réduire les tarifs des produits de la multinationale de 12,5% en moyenne.
Des charges en francs suisses
Les autres détaillants suisses comme Coop et Denner se disent satisfaits. «Le groupe est un exemple admirable d'un fabricant qui répercute pleinement les changements monétaires», s'est réjouit Paloma Martino, la porte-parole de Denner. Alors que d'autres entreprises s'y refusent en arguant des coûts élevés du marketing en Suisse, a-t-elle ajouté.
Comme Unilever dont le porte-parole met en avant les charges en francs suisses qui touchent l'importation, le stockage, la distribution et la logistique. Mais le groupe promet aussi d'adapter ses recommandations de tarifs autant que possible.
Le textile aussi
D'autres, comme Nestlé dont le prix des sauces Thomy est parfois deux fois plus élevé en Suisse qu'à l'étranger, expliquent les différence par des composants dans les recettes. Les sauces vendues en Allemagne comprennent de l'huile et celles en Suisse de la matière grasse, qui est près de six fois plus chère.
Le textile n'échappe pas non plus au phénomène. Les nouveautés chez H&M sont 90% meilleur marché outre-Rhin. Le groupe se dit conscient de la situation et cherche à y répondre, a indiqué son porte-parole René Zibold.
Monsieur Prix coincé
Chez C&A, on invoque le taux de change avec le dollar, plus stable à long terme. «Raison pour laquelle nous ne pouvons pas adapter nos tarifs sans subir de dégâts et risquer des places de travail», a souligné son porte-parole Thorsten Rolfes. Et de rappeler encore une fois que bon nombre de charges sont libellées en francs suisses comme les loyers, les salaires ou encore les coûts d'approvisionnement.
Les autorités font également part de leur impuissance. «Le cadre légal ne me laisse que peu de marge de manœuvre», a estiméStefan Meierhans, le surveillant des prix. Même en cas d'alternative comparable pour un produit, il ne pourrait «intervenir directement que de façon limitée mais cela augmenterait la transparence».
Des détaillants suisses pénalisés
Comme le reconnaît Stefan Meierhans, le tourisme d'achat a donc encore de beaux jours devant lui. «Je ne peux pas le promouvoir mais on ne peut rien reprocher aux consommateurs avec de telles différences de prix.»
Une situation qui inquiète aussi les détaillants. «Parfois nous payons nos achats plus cher que nos clients dans une boutique à l'étranger», déplore Coop. Même son de cloche chez Migros qui souligne que les détaillants suisses n'ont pas les mêmes conditions que leurs rivaux hors des frontières.