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samedi 21 mars 2015

«La guerre des monnaies»


La chute de l'euro face au dollar illustre une nouvelle fois la «guerre des monnaies».

La hausse continue du dollar pose un dilemme pour la Fed, notamment car elle entame la capacité des exportateurs (américains) à rester compétitifs. (photo: Reuters/Heinz-peter Bader)


Le combat se joue à l'ombre de banques centrales désireuses, par le biais de la devise, de dynamiser leurs économies mises à mal par la crise. Le séisme qui a frappé le système financier en 2008 puis la crise de la dette en Europe entre 2010 et 2012 ont mis les institutions monétaires à rude épreuve. Chacune d'entre elles s'est assurée que son pays bénéficie des meilleures conditions monétaires.

«Nous sommes vraiment dans un processus où la politique monétaire s'est substituée à la politique budgétaire. Les gouvernements n'ont plus de marges de manoeuvre budgétaires», explique Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.

Après la crise de 2008, «les banques centrales sont intervenues, car très vite les gouvernements ont dû se restreindre. Ils avaient déjà dépensé plus qu'ils ne le pouvaient», note également Patrick Jacq, un spécialiste de la dette chez BNP Paribas.

Augmenter les exportations

Le Graal généralement recherché est une monnaie faible. Cela rend les prix à l'exportation attractifs et aiguillonne les ventes des entreprises.

«Tout le monde veut booster sa croissance économique et recourt ainsi aux bonnes vieilles méthodes, à savoir affaiblir sa monnaie pour gonfler ses exportations et augmenter ainsi de façon rapide et sûre son produit intérieur brut», résume Eric Vanraes, gérant obligataire du fonds d'investissement EI Sturdza.

Pour autant, remarque M. Jacq, «l'arme de la monnaie est rarement un objectif officiel». La Banque centrale européenne (BCE) a ainsi toujours dit qu'elle n'avait pas d'objectif de change.

Ce but n'a pas été formulé officiellement, «mais elle le pensait tellement fort que tout le monde l'a entendu», lance René Desfossez, spécialiste de la dette chez Natixis. Les changes sont un des principaux leviers sur lesquels elle joue» pour assurer " les conditions monétaires les plus favorables possible à la reprise de l'économie européenne.

L'envolée de la devise américaine a néanmoins poussé la Réserve fédérale américaine (Fed) à s'émouvoir publiquement cette semaine, par la voix de sa présidente Janet Yellen, du «poids pour la croissance américaine» d'un dollar fort.

Car comme toutes les banques centrales jouent la même partition, en ajustant en permanence leurs dispositifs ou en puisant dans leurs réserves de change pour maintenir leur devise dans des limites acceptables, leurs stratégies se retrouvent souvent en opposition. D'où l'expression utilisée par les spécialistes de «guerre des monnaies».

BCE et Fed en tête

Dans une telle configuration, les plus solides sont logiquement en position de force. «Aujourd'hui, les principales banques centrales, à savoir la BCE, la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque populaire de Chine et la Banque du Japon tiennent les rênes de cette guerre. Les autres réagissent avec retard et essayent de limiter les dégâts», explique M. Dembik.

En lançant le 9 mars un programme d'ampleur historique de 1,140 milliard d'achats d'actifs d'ici septembre 2016, la BCE a ainsi fait sérieusement pencher la balance en défaveur du dollar.

«La hausse continue du dollar pose un dilemme pour la Fed, notamment car elle entame la capacité des exportateurs (américains) à rester compétitifs», estime Simon Smith, analyste chez FxPro. «Depuis le mois d'août, le dollar s'est apprécié de quelque 25% face au panier moyen des grandes monnaies mondiales», relève M. Vanraes.

Mais selon lui, «la question aujourd'hui, c'est surtout la Chine: comme le yuan est arrimé au dollar, la banque centrale chinoise pourrait faire l'inverse de la Banque Nationale Suisse (BNS) et dévaluer sa monnaie». Un geste qui relancerait une nouvelle fois la compétition.

ATS