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lundi 20 avril 2015

L'équipe de France de natation : «Sexe, drogue et natation»


Equipe de France 2012 de natation : qui est avec qui ?


Le moins que l'on puisse dire, c'est que le titre du livre d'Amaury Leveaux annonce la couleur: «Sexe, drogue et natation» sort ce mercredi en librairie. Le Français y raconte ses années passées au plus haut niveau de la natation et livre quelques anecdotes croustillantes, que «Metronews» a compilées. Le Franc-Comtois révèle notamment que plusieurs membres de l'équipe de France consommaient de la cocaïne: «Certains d'entre nous ne crachent pas sur un petit rail de temps en temps. Pour d'autres, c'est carrément une autoroute couverte de poudre blanche sur laquelle ils glissent à vitesse grand C, comme cocaïne», écrit l'ancien athlète.







Leveaux raconte également, sans le citer, qu'il a vu un «beau gosse de l'équipe de France chouchou du grand public en train de sniffer un rail de coke entre les seins d'une attachée de presse», lors d'une soirée aux JO de Londres, en 2012. L'ex-nageur explique qu'il a, lui aussi, goûté à cette drogue, que les athlètes utilisaient «dans un cadre festif», mais également comme produit dopant pour ses effets «euphorisants».

Camille Lacourt, Florent Manaudou et Fabien Gilot dans son collimateur

Certains ne crachent pas sur un rail de cocaïne de temps en temps  


A Marseille, «les beaux avec un melon gros comme ça.»

Sans balancer de noms, Amaury Leveaux aborde aussi le sujet du dopage. «Les amateurs de natation seraient étonnés de découvrir tout ce qui se passe en coulisses», écrit-il. Dans une interview accordée à «L'Equipe», l'ex-nageur n'y va d'ailleurs pas par quatre chemins: «Les tricheurs, c'est comme les pédophiles... Une balle dans la tête. Je suis peut-être extrémiste.»

Les dirigeants de la fédération française, traités de «dinosaures profiteurs», et les nageurs marseillais en prennent aussi pour leur grade: «J'en ai marre de lire des livres de souvenirs gnangnan et des autobiographies à l'eau de rose», écrit l'ex-nageur, qui ne va pas se faire que des amis après la parution de son livre.

En l'occurrence, « briser l'omerta », selon Leveaux, c'est raconter que les nageurs jouent de leur physique et de leur notoriété pour séduire en boîte de nuit ; qu'un membre de l'équipe de France a passé un moment avec une prostituée dans un local à poubelles à l'occasion des Jeux olympiques de Pékin, en 2008 ; que certains « ne crachent pas sur un rail de cocaïne de temps en temps » et qu'un « beau gosse de l'équipe de France, chouchou du grand public », s'est retrouvé à « sniffer un rail de coke entre les seins de l'attachée de presse d'une boîte de nuit » où les nageurs faisaient la fête, lors des Jeux de Londres en 2012.

Injections de testostérone

« Briser l'omerta », ce n'est donc pas éclairer l'amateur de natation sur le dopage dans la natation mondiale. Le sujet est abordé dans l'un des chapitres les plus intéressants du livre, de manière malheureusement bien allusive. Amaury Leveaux y évoque une nageuse russe avec qui il s'entraînait sous les ordres de Philippe Lucas, et qui retournait parfois dans son pays pour recevoir « des injections de testostérone ». Celle-ci a par ailleurs révélé à Leveaux ce stratagème de la délégation russe pour échapper aux contrôleurs lors des stages d'entraînement : « Chaque nageur était “doublé” par un autre qui portait le même nom sur son passeport. C'est la doublure, cantonnée dans sa chambre d'hôtel et vierge de tout produit interdit, qui se présentait à la place de celui qui venait de terminer l'épreuve, sans que les officiels ne s'aperçoivent de quoi que ce soit. »

Leveaux mentionne également le cas du Brésilien Cesar Cielo, champion olympique et multiple champion du monde contrôlé positif en 2011 mais jamais condamné, ou celui des nageurs chinois sortis de nulle part qui se sont mis à gagner à partir des Jeux de Pékin. Mais il n'approfondit pas, n'apporte aucune information nouvelle, au point qu'on se demande ce qu'il sait de la réalité du dopage dans la natation.

Dans le chapitre sur la cocaïne, Leveaux assure que cette drogue n'est pas consommée uniquement dans un cadre festif, mais qu'il s'agit aussi d'un « produit dopant, un euphorisant qui donne le sentiment d'être invincible et jamais fatigué ». Il laisse ainsi entendre que des nageurs pourraient en prendre avant une course – hypothèse peu probable –, mais ne développe pas. Là aussi, il laisse le lecteur dans le flou.

La Fédération française en prend pour son grade

Bien plus que par la révélation de son amour secret (et jamais consommé) pour Laure Manaudou, par l'agacement que lui inspirent les nageurs du club de Marseille qu'il traite de « cagoles », ou encore par le récit de son exploit aux Jeux olympiques d'Athènes en 2004 – manger cent nuggets de poulet d'une traite, avant de tout vomir –, on est touché par le chapitre relatant son enfance dans une cité du Territoire de Belfort, ou par celui que Leveaux consacre à la mort de son père pendant les Mondiaux de Rome en 2009.

Finalement, la vraie réussite du livre, le passage qui donne réellement le sentiment que Leveaux se mouille un peu, est le chapitre dans lequel il dézingue la Fédération française de natation : un repaire de « dinosaures » qui « écument les bons restos et sifflent des grands vins », dont l'apport pour la natation se résume au « Néant, avec un N majuscule », et qui « presse[nt] les nageurs comme des citrons avant de les jeter à la poubelle quand ils arrivent en fin de carrière ».

« Une balle dans la tête »

La lecture de Sexe, drogue et natation laisse une curieuse impression. Leveaux assure vouloir montrer que l'image de « bad boy » vaguement je-m'en-foutiste qui lui colle à la peau n'est pas justifiée, mais il la cultive soigneusement avec cette autobiographie. « Je n'ai pas de comptes à régler, pas de revanche à prendre, pas de frustration à dépasser », assure-t-il. Bourré de talent, mais jamais titré en individuel dans les grands rendez-vous (Jeux olympiques ou championnats du monde en grand bassin), il confesse néanmoins sa jalousie envers Alain Bernard, qui a plus souvent fait la « une » de L'Equipe que lui. Et dégomme gentiment l'image de Yannick Agnel, souvent présenté comme un anti-Leveaux, sage et intello : « Pure fabrication des médias. »

Leveaux se défend de vouloir attirer les projecteurs, il souhaite « simplement raconter l'envers du décor ». Mais, avec cette autobiographie titrée comme elle l'est, l'ancien nageur issu d'un milieu modeste, qui s'est retrouvé propulsé dans la lumière grâce à la natation et a adoré ça, s'offre un joli coup de pub en crachant dans la piscine.

Amaury Leveaux était un type attachant, avec qui on savait qu'il allait se passer quelque chose. On a parfois l'impression qu'il a été dépassé par son personnage anticonformiste, ce qui le pousse à sortir quelques énormités, comme celle-ci, dans l'interview accordée dimanche à L'Equipe : « Les tricheurs, c’est comme les pédophiles… Une balle dans la tête. »