Le musée Chemins de fer du Kaeserberg dévoile la semaine prochaine un dispositif qui simule la nuit sur les voies. Une performance qui a nécessité cinq ans de travail.
La maquette de 610?m2 passe du jour à la nuit. Un spectacle ébahissant qui permet de scruter les moindres détails.
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Un rêve d’enfant devenu réalité. Voilà l’état d’esprit qui règne aux Chemins de fer du Kaeserberg. Ce musée de trains miniatures à Granges-Paccot (FR) présente la maquette la plus réaliste et aboutie de Suisse. Le concepteur de ce projet gigantesque se nomme Marc Antiglio.
Ce Fribourgeois de 75 ans nourrit deux passions: la conduite automobile (il a été champion de Suisse) ainsi que les trains. Et c’est pour assouvir ce rêve de gamin qu’il a fait construire un musée entier présentant une Suisse imaginaire et idyllique figée dans les années 1990. Sur les rails circulent tous les trains et wagons encore en service à cette période-là, notamment la Crocodile, locomotive mythique aujourd’hui à la retraite. Un projet qui a nécessité dix-sept ans de travail jusqu’à l’ouverture en 2009.
«Il n’y a jamais eu de collision aux Chemins de fer du Kaeserberg, sourit Nicolas Zapf, directeur du musée. Des déraillements, oui, c’est arrivé, mais les conséquences sont beaucoup moins dramatiques que dans la vie réelle.» Autre liberté dont peut se targuer ce réseau: ne pas être contraint à des horaires et donc pas soumis à l’ire des passagers (il y a 6500 figurines sur la maquette) lésés.
La nuit toutes les 30 minutes
Mais, voilà, six ans après son inauguration et 80 000 visiteurs plus tard, le musée voulait aller plus loin. D’où le projet nuit, à savoir l’éclairage de tout le plan pour donner l’illusion du crépuscule puis de la nuit. Cette performance, ouverte dès le 20 mai au public, a nécessité cinq ans de travail (une année de conception et quatre de réalisation) ainsi que l’aide de l’Ecole d’ingénieurs de Fribourg.
Le résultat est bluffant. Toutes les demi-heures, les 381 spots qui éclairent l’installation s’éteignent progressivement. Sur la maquette, les éclairages publics et les maisons s’illuminent et les trains s’allument. Une animation qui dure six minutes.
«M. Antiglio avait dès le début l’idée de la nuit», explique Nicolas Zapf. Cependant, ce n’est qu’avec la technologie des ampoules LED que la chose a été possible. «Nous ne voulions pas d’effet vacillant ou de lumière trop forte qui éclaire la moitié de la maquette.» Un résultat réaliste, en somme. C’est pourquoi il a fallu démonter des centaines de wagons et y installer des circuits électroniques adaptés.
Avec cette innovation, le musée Chemins de fer du Kaeserberg espère attirer de nouveaux visiteurs et se débarrasser une fois pour toutes de l’image de la maquette qui traîne dans le grenier poussiéreux. On en est très loin.
Quelques chiffres
2045
La longueur, en mètres, des voies installées sur la maquette.
7942
Le nombre de roues changées pour conduire l’électricité, et donc amener la lumière à l’intérieur des wagons.
370
Le nombre de véhicules qu’il a fallu démonter pour les équiper de phares, de feux arrière et de clignotants.
9743
Le nombre de LED éclairant les convois ainsi que les véhicules de la maquette (voitures, camions, vélos, etc.).
Sandra Imsand