Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

samedi 25 juillet 2015

Personne remarquable : Monsieur Michel Simonet


Michel Simonet balaie avec plaisir les rues de Fribourg depuis vingt-neuf ans. Il raconte sa vie dans une centaine de pages pleines de foi, d’humour, de talent, qui séduisent des milliers de lecteurs.



A la page 48 de son petit livre orange, qui s’est déjà vendu à plus de deux mille exemplaires, le balayeur fribourgeois Michel Simonet entame l’inventaire de ce qu’il a trouvé sous son balai au cours de l’année 2005. On ne va pas tout citer, mais un peu quand même:

«Argent par terre: 278.40 francs suisses, 19.20 euros et quelques autres pièces étrangères (roubles, yens, escudos); une obligation au porteur de 10’000 francs rapportée croyez-moi à la banque; 1 balance à cannabis; 5 plaques minéralogiques de voiture et 3 de moto; 17 fourchettes; 1 rouleau à pâte; 9 pantalons, 5 slips, 4 soutiens-gorge; 15?livres et 10 dossiers d’étudiants jetés en fin d’année, certains brûlés; 191 verres de bistrot; 1 toxicomane hébété, couché ou placé à son insu dans mon char; 1 écureuil mort au bord de la route, intact, et que j’ai fait empailler pour l’anniversaire d’une de mes filles; 3 balles de 9?mm.» Et surtout, écrit l’auteur: «De fortes amitiés, le cadeau de la simplicité, la paix du cœur, la vie au jour le jour, la grâce de l’instant présent.»

Voilà. C’est donc signé Michel Simonet, un homme de 54?ans qui aurait pu devenir théologien, enseigner, profiter de ses études, mais qui a choisi il y a près de trente ans de devenir balayeur de rue, après avoir découvert cette vocation pendant un mois d’été, comme étudiant. «J’aurais aussi pu devenir moine, car, paradoxalement, même si je croise beaucoup de monde tous les jours et que j’ai eu sept enfants avec mon épouse, je suis assez solitaire. Il m’arrive d’ailleurs de partir plusieurs jours sur mon vélo, ici ou à l’étranger, pour penser, écrire, découvrir des paysages inconnus. C’est à vélo que j’ai écrit l’essentiel de mon livre, en m’enregistrant sur un smartphone que m’avait donné ma fille.» Sa solitude, de toute manière, est toujours relative, puisque Michel Simonet sent Dieu tout proche de lui: «Oui, je suis un balayeur chrétien, et Dieu est lui aussi près du sol, des gens, familier, fraternel, camarade.»

Un côté monastique

Mais quand même, devenir balayeur, être mal payé, peu considéré, pourquoi? «Je dirais qu’un métier et un tempérament se sont rencontrés. Le plein air, l’indépendance, le côté monastique, régulier, stable, la simplicité. Manger, boire et dormir, c’était ma façon de vivre, ça l’est toujours. Mais, vous voyez, avec mon petit salaire, sept enfants et une épouse qui est mère au foyer, on s’est débrouillés, on vit bien, c’est la preuve aussi que nous habitons dans un pays qui fonctionne bien.» Ce qui fonctionne bien, aussi, c’est l’esprit, la culture, l’humour de Michel Simonet dont le livre est parsemé de perles irrésistibles. Ce passage, sur le métier de balayeur: «Il est vrai que notre simple présence dans la cité nous fait participer par hasard ou providence à de nombreux événements tristes ou joyeux et nous procure l’occasion d’accomplir des mouvements plus variés que le simple bras qui balaie. Nous sommes donc à la fois au cœur de la société ou proches de ses sphincters, c’est selon: rois de cette rue dont nous assumons le crime de lèse-propreté là où la saleté établit ses quartiers en constante récidive.»

Michel Simonet dans les rues de Fribourg, où il connaît et rencontre plein de monde. 
Image: PHILIPPE DUBATH


Michel Simonet serait-il une sorte d’anti-people, un haut personnage qui vient de tout en bas pour amener la parole de ceux à qui on ne demande jamais de s’exprimer? Charly Veuthey, des Editions Faim de siècle qui ont eu le bon sens d’écouter l’avis enthousiaste de l’historien Jean Steinauer et de publier ce livre, acquiesce: «Je crois que les gens ont besoin de personnages exceptionnels qui ne soient pas forcément des gens connus qu’on finit par trop voir partout. L’histoire de cet homme qui fait de son métier simple une œuvre d’art, c’est rafraîchissant et bienfaiteur pour l’esprit. Et en plus elle est écrite avec un talent, une patte.»

En six jours, les 1500 exemplaires du premier tirage étaient épuisés. Les 2000 exemplaires du deuxième sont comme aspirés, jour après jour, par le bouche-à-oreille qui touche toute la Suisse romande. Les Editions Faim de siècle n’ont en fait qu’un problème avec ce petit livre: déterminer l’ampleur du prochain tirage! Et l’auteur, lui, sent-il sa vie changer? «J’espère que non. J’aime bien ma vie. Ma femme a acheté un vélo électrique, on peut se faire de belles balades à deux, maintenant!» Dimanche, il chantera à l’église Saint-Paul, dans le quartier du Schönberg, à Fribourg. Il est passionné de chant byzantin.

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Philippe Dubath