Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 19 juillet 2016

Le cabinet de travail secret de Louis XVI au château de Versailles





Raphaël Masson, conservateur en chef au château de Versailles, nous attend dans la chambre du roi. Celle de Louis XV, puis de Louis XVI. Il se tient devant une petite porte à peine visible qui se confond avec la tenture et les moulures. Il sort une petite clef pour l'ouvrir, car la pièce qu'elle cache n'est absolument pas accessible au public. Elle est bien trop petite et bien trop fragile pour accueillir des millions de visiteurs. D'autant qu'elle vient d'être merveilleusement restaurée grâce au mécénat de Lady Michelham of Hellingly.

Il s'agit du cabinet de garde-robe de Louis XVI, qu'il utilisait comme bureau privé. D'un air gourmand, le conservateur nous prévient : « C'est le tout dernier joyau conçu à Versailles, celui que je trouve le plus magnifique. » Le malheureux souverain n'a pas pu en profiter bien longtemps puisqu'il lui fut livré au début de l'été 1789, quelques mois avant son expulsion du palais par la foule révolutionnaire. C'est en juin 1788 qu'il ordonne à ses architectes de transformer la garde-robe jouxtant sa chambre en cabinet de travail. La surface est doublée pour passer à 13 mètres carrés et la hauteur dédoublée pour créer un entresol. Deux fenêtres donnant sur un balcon ouvrent sur la cour des Cerfs. Les deux frères sculpteurs Jean-Siméon et Jean-Hugues Rousseau créent un sublime décor de boiseries blanches et or, réalisant là leur plus beau chef-d'œuvre dans le style néo-classique.
Prouesses technologiques

Le très sérieux souverain, épris de sciences, de commerce, d'agriculture et de marine, a voulu un décor illustrant ces thèmes. Aussi peut-on, aujourd'hui, découvrir avec ravissement les plus belles réalisations technologiques de cette fin du XVIIIe siècle. Raphaël Masson désigne une machine électrique constituée d'un disque en verre dont la rotation produisait de l'électricité statique. Plus loin, c'est un graphomètre à pinnules utilisé par les arpenteurs pour mesurer des angles, une pompe à vide, une grue. La marine est représentée par un cadran solaire et une boussole, l'agriculture par une charrue, une herse et une brouette. Le commerce est illustré par différents accessoires, dont un livre de comptes montrant des additions.

On imagine Louis XVI assis à son bureau, au milieu de la pièce. Un domestique se tient sur le balcon prêt à intervenir au moindre de ses désirs. Un petit pipi ? Le souverain a tenu que soient installés des lieux d'aisance à l'anglaise, constitués de toilettes avec évacuation et chasse d'eau. Elles sont dissimulées derrière une porte taillée dans la boiserie. Aucun espace pour mettre les pieds, aussi le roi ne pouvait-il s'asseoir sur le trône que la porte ouverte. Nous quittons à regret la garde-robe du roi. Un espace certes moins grandiose que la galerie de Glaces, mais bien plus émouvant.

FRÉDÉRIC LEWINO
ANNE-SOPHIE JAHN