Et si les impôts étaient ponctionnés directement sur le salaire? Plusieurs élus de gauche à Bâle et à Zurich prônent ce système. Et selon nos information, l'idée fait son chemin en Suisse romande, notamment à Neuchâtel.
Des interventions parlementaires ont récemment été déposées par des députés bâlois et zurichois pour réclamer l'introduction d'une imposition à la source. Objectif: éviter le piège du surendettement auprès des contribuables.
En effet, en Suisse, une personne sur dix a du retard avec ses impôts. Lorsqu'il est impossible de payer la facture finale, c'est souvent la machine des poursuites qui s'enclenche. D'où cette idée de prélever l'impôt sur le salaire directement.
"Pas une ingérence dans le système fiscal"
Toutefois, il n'est pas question pour autant de supprimer la déclaration fiscale, comme l'a expliqué lundi dans le Journal du matin l'économiste zurichois Marcus Veit, auteur d'un rapport sur la question, et favorable à une ponction fiscale anticipée.
"Ce n'est pas une ingérence dans le système fiscal. Dans certains cantons, on peut déjà payer de manière anticipée sur une base volontaire avant d'avoir envoyé sa déclaration. Mais ce n'est pas aussi efficace que de directement soustraire l'impôt du salaire".
Un outil de prévention
Les entreprises sont plutôt réticentes. Les plus petites surtout craignent une augmentation de la charge administrative. Et même si les cantons ont peu de marge de manoeuvre par rapport aux lois fédérales, ce système séduit aussi les offices des poursuites, en tous cas à Zurich. Yves de Mestral, président de la commission zurichoise des poursuites, y voit un outil de prévention efficace auprès des jeunes.
"Quand les jeunes quittent le cocon familial, ils ont de la peine à comprendre qu'il faut économiser toute l'année pour la facture des impôts", a-t-il relevé lundi sur La Première.
Réflexion à Neuchâtel
Une motion a aussi été déposée au Parlement fédéral à Berne, et la réflexion mûrit en Suisse romande. A Neuchâtel, un groupe d'élus de gauche réfléchit ainsi à la possibilité d'intervenir, soit au Grand Conseil, soit via les oeuvres d'entraide du canton, comme le centre social protestant.
Rouven Gueissaz