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lundi 8 août 2016

Fête fédérale de lutte suisse: les ventes de chemises Edelweiss explosent


Le voile autorisé à l'école, la chemise edelweiss devient la tenue qui dérange


Les traditionnelles chemises à Edelweiss, symbole typiquement suisse, se vendent comme des petits pains à l'approche de la Fête fédérale de lutte suisse, qui se tiendra à Estavayer-Le-Lac, du 25 au 28 août prochains.

Alors que les lutteurs vont prochainement s'affronter devant des milliers de spectateurs à l'occasion de la fête fédérale de lutte, il en est une qui se trouve toujours sous les feux de la rampe: la chemise Edelweiss. Cela n'est pas sans réjouir les commerçants.

La marche triomphale de ce vêtement a commencé il y a 10 ans. L'Union suisse des paysans (USP) avait alors fait revêtir ce morceau de tissu à des célébrités comme Michelle Hunziker, Köbi Kuhn et Stephan Eicher dans le cadre d'une campagne publicitaire.

"Cette action avait alors sensiblement augmenté sa notoriété", explique Samuel Jenni, en charge du marketing auprès de Märithüsli, le plus grand fabricant de tels habits en Suisse. L'entreprise familiale écoule environ 20'000 chemises Edelweiss par année. Quelque 8000 pièces quittent l'atelier de Brienzwiler dans l'Oberland bernois. Les 12'000 autres sont confectionnées au Tessin.



Appréciée des citadins

En année de fête fédérale de lutte, comme c'est le cas tous les trois ans, la demande augmente de près de 15%, selon Samuel Jenni. Et les acheteurs ne sont pas que des fans de ce sport mais aussi des urbains, qui redécouvrent le côté chic du swissness.

Wenet à Mollis (GL), Efbe à Brügg (BE) et Dobler à Willisau (LU) observent également un accroissement de la demande à cette occasion. Ces trois plus petits fabricants ne peuvent ou ne veulent toutefois pas articuler de hausse précise. Les ventes font partie du "secret des affaires".

Le patron d'Efbe, Jörg Misteli, et le directeur de Wenet, Fridolin Zentner-Roth, évoquent une augmentation sensible à chaque fois qu'une telle fête est organisée. Le patron de Dobler, Roland Dobler, n'entrevoit, quant à lui, aucun grand écart.

Concurrence bon marché

Le vêtement est aussi populaire en dehors de nos frontières. "Nous vendons nos chemises dans le monde entier. Mais cette pièce de tissu est avant tout demandée par les Suisses de l'étranger", souligne Jörg Misteli.

Les affaires pourraient encore mieux tourner sans la concurrence des produits meilleur marché fabriqués en Amérique du Sud et en Extrême-Orient. Selon le fabricant bernois, une chemise helvétique Edelweiss à manches longues coûte entre 80 et 90 francs alors qu'un habit produit dans ces pays peut revenir moitié moins cher voire encore moins.

Un tel habit est affiché au prix de 34,90 francs auprès du détaillant Aldi et de 22,90 francs chez Landi. Auprès de ce dernier, qui fabrique ses chemises en Colombie, les ventes ont triplé depuis 2012, date de leur introduction dans son assortiment.


Chemise Edelweiss ; la tenue qui dérange certains

Alors que le Tribunal fédéral autorise le port du voile à l’école, la chemise bleue des paysans devient un signe identitaire en classe. Des incidents alémaniques récents montrent l’embarras des autorités scolaires.

La Bernoise Therese Jenni, qui est pour beaucoup dans le succès extraordinaire de la chemise edelweiss, déplore toute cette polémique: «C’est une chemise folklorique, il est dommage de la politiser.» Avec son mari et trois de leurs enfants, elle tient commerce et atelier à Meiringen, dans l’Oberland. Ce tissu et ce dessin, les Jenni ont été les premiers à les mettre en vogue.

Mais l’histoire de leur vêtement est à rebondissements. Après avoir symbolisé la fierté agricole, la chemise prend une autre connotation. Portée comme signe identitaire par des écoliers soupçonnés du coup de xénophobie, elle embarrasse les autorités scolaires et déchaîne la polémique.

Au début, c’est une success story: les Jenni, qui tiennent un petit magasin à Ballenberg, dénichent à la demande de clients nostalgiques un modèle de tissu qui semblait avoir disparu. Ils achètent le stock, taillent eux-mêmes les chemises. «La première date de 1979», se souvient Therese Jenny. Le succès sera immédiat, à leur échelle. Ils en vendent aujourd’hui 20 000 par an, d’un tissu acheté en Autriche. Mais il y a longtemps qu’ils n’ont plus le monopole. On peut acheter partout des chemises edelweiss.

Tous paysans

Le grand tournant, on le doit à l’Union suisse des paysans (USP), qui en fait depuis dix ans le thème de ses campagnes de communication. La première de ces opérations, en 2006, fait endosser la chemise à des célébrités suisses et internationales, comme Patty Schnyder et Michael Schumacher. Le succès dépasse toutes les attentes. Sur les affiches, après Stephan Eicher, Mario Botta et Stan Wawrinka, la chemise habille des anonymes, voire – c’est la variante 2015 – des animaux de la ferme.

Le triomphe de la chemise révèle la popularité du monde paysan, résume Martine Bailly, directrice de l’agence d’information agricole AGIR, associée à la communication de l’USP. Les citadins adoptent ce modèle, qui devient signe de reconnaissance immédiat de la campagne. Même si la chemise est un attribut des champions de lutte, plutôt qu’une véritable tenue paysanne.

Les jeunes l’adoptent aussi. La voilà qui devient marque de ralliement identitaire. Un peu comme l’avaient été les t-shirts et casquettes rouges à croix blanche à l’époque de l’Expo.02, à la barbe des organisateurs de la manifestation.

De la démonstration vestimentaire de jeunes Suisses fiers de l’être à la polémique, il n’y a qu’un pas. Vendredi dernier à Gossau (Oberland zurichois), dix élèves arrivent en classe en portant la chemise. L’enseignante, qui perçoit dans cette démonstration une volonté d’exclusion, voire de racisme, vis à vis des élèves étrangers de la classe, l’interdit, demande un changement de tenue. Rapidement désavouée par le directeur, l’enseignante admet qu’elle a sur-réagi: rien ne permet ni ne justifie une telle interdiction.

Edelweiss contre aigle albanais

Pas facile d’identifier la cause précise de l’incident. «Nous voulions seulement montrer que nous aimons notre pays», dit un élève cité par la presse alémanique. «On peut bien porter le voile islamique, pourquoi pas la chemise edelweiss», dit un autre.

Le port du voile, que le Tribunal fédéral (TF) vient d’autoriser de manière générale, est un sujet de vive controverse en Suisse alémanique. Il n’est pourtant pas établi que des adolescentes le portent dans l’école de Gossau. La chemise edelweiss pourrait tout aussi vraisemblablement être un drapeau brandi contre celui de l’Albanie, les jeunes ressortissants de ce pays faisant grand usage de l’aigle à deux têtes. A Gossau, des élèves originaires de l’ex-Yougoslavie se seraient moqués de la musique folklorique que des camarades suisses écoutaient pensant la pause de midi.

UDC en chemise bleue



Un épisode similaire s’est produit au printemps à Willisau (LU). A la suite d’incidents entre élèves suisses et kosovars, la tenue paysanne a aussi fait l’objet d’une interdiction momentanée. Mais l’incident avait poussé cinq conseillers nationaux UDC, autour de Lukas Reimann (SG) et Pirmin Schwander (SZ), à siéger au Conseil national en chemise bleue, pour défendre les jeunes patriotes.

L’UDC a en effet repris la chemise edelweiss à son compte. Même en Suisse romande, où les Genevois Céline Amaudruz et Yves Nidegger l’arboraient pour lancer leur campagne pour les élections fédérales. Ni l’un ni l’autre ne viennent pourtant de la terre, tandis que l’agriculteur Guy Parmelin confiait à cette occasion qu’il ne l’avait jamais portée.

Les directions scolaires concernées ont rapidement recadré les enseignants ayant prononcé l’interdiction. Cela n’a pas empêché un déferlement d’indignation sur les réseaux sociaux, où la chemise edelweiss est défendue comme si elle était une sorte de costume national, malgré l’inexistence d’une tradition longue et générale. Mais l’humour est parfois de la partie, chez ceux qui proposent comme compromis le voile islamique edelweiss. «Notre chemise n’avait pas vocation à devenir un symbole nationaliste, relève Sandra Helfenstein, porte-parole d’une USP contrariée par la tournure des événements. Elle ne porte aucun message politique.»

ATS