Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

lundi 8 août 2016

Français ! Si vous êtes encore un pays, pas de burkini


Quel est, dans le pays d'Yves Saint Laurent, George Sand ou Simone de Beauvoir, le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme ? Pas le burkini...



Au hasard d'un soir d'été, j'ai eu l'occasion récemment de visiter le port de Saint-Tropez. Il s'y tient chaque soir une sorte de concours de vulgarité où concourent de jeunes hommes arborant le plus de signes extérieurs de richesse possible et de jeunes femmes peu vêtues, très alcoolisées et très bruyantes, les deux sexes s'unissant avec la délicatesse des animaux en rut. Les yachts alignés ressemblent au rayon fer à repasser de Darty et les Rolls customisées, par exemple en bleu et doré, sont à pleurer de laideur, quand on pense à ce qu'était, il y a encore une vingtaine d'années, une Rolls-Royce. Les restaurants, en plastique, servent une malbouffe en plastique, à des consommateurs qui, au fond, sont devenus eux-mêmes des gens en plastique, des enveloppes corporelles vides. C'est pour que cette « liberté » puisse se dérouler sans entrave que les soldats des armées européennes affrontent au péril de leur vie et de leur intégrité physique nos ennemis en divers endroits du monde.

Burkini de rigueur

Bien sûr, c'est pour les yachts, mais c'est aussi pour tout le reste, et bien sûr, heureusement, il y a tout le reste. On peut néanmoins observer qu'en certains lieux l'Occident n'en finit plus de sombrer dans l'horreur, et que sa liberté commence, par endroits, à manquer de consistance. Il y a un grand progrès technique, scientifique, technologique, mais il n'y a pas de progrès culturel. Les siècles s'écoulent et avalent leurs pages de raffinement, qui sont comme tournées à jamais, toujours à réécrire. On passe de Madame de Sévigné à la grosse Anglaise bourrée qui, pour le séduire, improvise un lap dance sur un avocat d'affaires satisfait de son sort avec ses nombreux « K€ » mensuels et sa fiscalité avantageuse. Si c'est cela que nous défendons contre l'islamisme, nous avons perdu et la fausse dignité des burqas a gagné. On peut organiser en France, sans crainte d'ordre intellectuel, des après-midi piscine réservés aux femmes, où le respect de la « awra » est exigé et où le « burkini » est par suite de rigueur.

La France, c'est pourtant, encore, un des pays les plus délicats du monde. C'est le pays d'Yves Saint Laurent, qui résumait ainsi son métier : « Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime. Mais pour celles qui n'ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis là. » Ça, c'est la France. Je passe sur les vins, les châteaux ou la qualité de l'enseignement supérieur, sur la gratuité et le niveau des soins médicaux dans ces hôpitaux où les incidents relatifs à certaines pratiques de l'islam se multiplient. La France ne peut pas être à la fois ce pays subtilement féminin et galant et être en même temps un pays où l'on exige le port du burkini au prétexte de libertés confessionnelle et commerciale. On a beaucoup mis en avant, pour justifier l'événement polémique de la semaine, le fait que la piscine, où n'étaient accueillies le temps d'une journée que des femmes couvertes des pieds à la tête et pas d'hommes (sauf les garçons de moins de dix ans), avait été louée, qu'il s'agissait donc d'un événement privé qui ne regardait que ses organisateurs et participants. On a même dit que cela permettait à des femmes qui, autrement, n'en avaient pas l'occasion de se rendre à la piscine ! Comme si les burqas et autres tchadors étaient devenus la peau même de ces personnes, impossibles à retirer, ne serait-ce que pour se baigner.

Enterrer la France ?

Nous pouvons bien sûr enterrer la France et la réduire à un territoire administré par un État laïque, où les droits des personnes sont protégés, la sécurité assurée et l'économie régulée. Dans ces conditions, on se borne à respecter strictement la loi et on ne pense plus rien en termes politiques. Mais nous pouvons considérer aussi que nous sommes encore une communauté de destins, et que nous décidons collectivement d'une certaine approche de la vie en société, ce qui passe nécessairement par la condition des femmes, le rapport entre les hommes et elles, l'image que les adultes renvoient aux enfants. Nous pouvons même affirmer que la France n'est pas seulement la France de 2016, et faire voter la « démocratie des morts » : notre pays est aussi celui de Mesdames de Sévigné, Staël, Ségur ou Lafayette, celui de George Sand ou, bien sûr, celui de Simone de Beauvoir, celui de l'amour courtois, celui de la galanterie, et pourquoi pas celui des veuves de 1914, celui de toutes ces femmes qui ont dû être courageuses, qui ont été libres, que nous sommes heureux de voir les égales des hommes. Nous pouvons donc protester contre le burkini et dire à ses adeptes que la France est encore un pays et que, s'ils souhaitent lui dénier cette qualité, ils peuvent se rendre dans un des très nombreux endroits dans le monde où les femmes sont soumises aux hommes par la loi, avec le concours des juges et de la force publique. Il n'en est encore rien ici et il serait heureux qu'il n'en devienne rien, sans quoi nous n'aurons plus rien à défendre.

Pas de piscine pour les mécréants

La polémique sur « la privatisation » d’un parc aquatique interdit aux hommes et soumis à des exigences vestimentaires dictées par la religion concernant les femmes illustre parfaitement l’ignorance de nos politiques face au communautarisme. La droite et le FN condamnent, tout en avouant une certaine impuissance.

La gauche, notamment, Patrick Mennucci et Samia Ghali, dénoncent une polémique inutile, Patrick Mennucci concluant même à la légalité du bain habillé et de la privatisation d’un lieu. Quand on pense que Patrick Mennucci est député et donc législateur, cela prête à sourire.

Cette initiative de l’association Smile13 pour Plan de Campagne n’est pas isolée, l’association AHSA, en partenariat avec soeursdemarseille.forumactif.biz, organisant le même type de baignade à Aubagne en précisant que « c’est exclusivement pour les femmes musulmanes pudiques », « bikini interdit ».

Tout d’abord, il convient de préciser que ces deux initiatives ne sont en aucune façon des « privatisations » telles que des enterrements de vie de garçon, par exemple. En effet, il s’agit de la location d’un espace privé par des associations qui proposent au public, contre rémunération, la fourniture d’un bien ou d’un service, en l’espèce l’accès à un espace aquatique.

Nous sommes donc parfaitement dans le cadre des articles 225-1 et 225-2 du Code pénal, qui punissent « les comportements discriminatoires, notamment en refusant la fourniture d’un bien ou d’un service, en entravant l’exercice d’une activité économique quelconque ou bien de subordonner la fourniture d’un bien ou d’un service à une condition fondée sur des éléments discriminatoires, en l’espèce le sexe et la religion ».

Ces associations écartent toutes deux les garçons de plus de 10 ans et subordonnent l’accès à cette prestation, pour l’une, aux femmes couvertes de la poitrine jusqu’au genoux et respectant la « awra » (NDA : pudeur), pour l’autre, aux femmes musulmanes pudiques, qui respectent la « awra », couvertes de la poitrine jusqu’au genoux, avec interdiction du bikini.

La condamnation en date du 25 avril 2016 d’un épicier pour discrimination par le tribunal correctionnel de Bordeaux en raison d’horaires d’ouverture différenciés à raison du sexe des clients est étrangement similaire à cette affaire. Dans les deux cas, le sexe et la religion sont intimement liés.

En effet, la discrimination des garçons de plus de 10 ans repose sur la volonté de ne pas exposer d’hommes pubères à la vue des participantes.

De même, la discriminations des femmes qui ne sont pas couvertes des genoux à la poitrine, les invitant à respecter la « awra », ou bien même en subordonnant l’accès aux seules femmes musulmanes et en proscrivant le bikini repose sur des motifs religieux, en l’espèce l’obligation qui est faite aux participants d’être croyantes ou bien de respecter des prescriptions religieuses ou interprétées comme telles par les organisateurs.

Charles Consigny
Me Richard Daudanne