L'aide sociale vient également au secours des plus jeunes. Image: Keystone
L'aide sociale fait l'objet de critiques régulières de la part des communes: trop chère, trop lourde pour les finances. Ce qui a poussé la Conférence Suisse des institutions d'action sociale (CSIAS) à encore serrer la ceinture, rappelle le Tages-Anzeiger dans son édition du 16 août.
Peut-être inutilement, comme le montre une étude de la Haute Ecole Bernoise, qui estime que près d'un quart des personnes (26,3%) en droit de réclamer l'aide sociale dans le canton préfère y renoncer. «Et on peut supposer que ces résultats s'appliquent à toute la Suisse», a ajouté Oliver Hümbelin, qui a rédigé l'étude. Le canton est en effet un bon condensé de ce qu'on peut trouver à l'échelle nationale.
L'étude montre ainsi que dans les villes, 12% des ayant-droit renoncent à l'aide sociale. Ce taux monte à 28% dans les agglomérations et même à 50% dans les campagnes. «Ce taux s'explique par les meilleures possibilités de résister à une situation de crise dans les campagnes grâce à l’auto-subsistance.»
Les seniors surtout rechignent
La pression sociale joue un rôle encore plus grand. «Celui qui craint d'être stigmatisé et isolé y renonce», a ajouté Oliver Hümbelin. Dans les communes à tendance conservatrice, les personnes renoncent plus facilement à l'aide sociale que dans les communes où les partis de gauche dominent.
Parmi les autres raisons, l'étude cite également le manque d'informations, des procédures complexes ou encore des dossiers où seuls des petits montants sont nécessaires. Elle ne dit en revanche rien sur l'âge des demandeurs. Une étude de Bâle-Ville a montré que les seniors avaient le plus de peine à faire le premier pas. Une retenue que les plus jeunes n'ont pas, a souligné Nicole Wagner, directrice de l'office bâlois de l'aide sociale.
Cette pudeur vis-à-vis de l'aide sociale est pourtant critiquée par Oliver Hümbelin. «En y renonçant, ces personnes ne reçoivent aucun conseil qui pourrait leur permettre d'améliorer leur situation.» Avec à la clé d'autres problèmes, comme la santé ou l'endettement. En outre, la pauvreté devient héréditaire puisque ces familles n'investissent plus dans la formation de leurs enfants. Ce qui revient en fin de compte plus cher à la société.
Ne pas attendre trop longtemps
Dorothée Guggisberg, secrétaire générale au CSIAS, ne dit pas autre chose. «Il est fondamentalement bien que les gens cherchent à s'en sortir avec leurs propres moyens.» Mais les principaux concernés attendent souvent trop longtemps. «En moyenne, les ayant-droits attendent près de trois mois.»
Durant cette période, ils ne paient pas leurs factures ou diffèrent leurs rendez-vous médicaux, ce qui aggrave leur situation à plus longue échéance. Près de 30% des ayant-droits sont en outre des jeunes ou des adolescents qui dépendent de la décision des détenteurs de l'autorité parentale.
«Le conseil est important», affirme Regula Unteregger, responsable de l'office bernois de l'aide sociale. Les cas sont toujours plus complexes et des problèmes divers mènent à la pauvreté. «Plus les ayant-droits restent seuls face à ce défit et plus il devient difficile de les aider.»