CLARENCE RODRIGUEZ
Des femmes saoudiennes présentes au MISK Global Forum à Riyad, en novembre 2016.
Les femmes à Riyad semblent décidées à faire tomber certains principes, à commencer par le niqab, symbole de la lourdeur des traditions... Un phénomène constaté ces dernières années. La presse locale n'hésite plus à évoquer le sujet. Des Saoudiennes ne se sentent plus obligées de se déplacer dans les rues de la capitale en couvrant leur visage d'un voile connu sous le nom de niqab, considéré par beaucoup comme l'exigence non obligatoire de l'Islam... De plus en plus, de jeunes femmes optent pour le port du voile islamique, laissant parfois dépasser des mèches de cheveux. Poussant l'élégance jusqu'à coordonner le voile coloré avec l'abaya (long manteau) traditionnellement noire.
A L'occasion du MISK Global Forum, un événement consacré à la jeunesse saoudienne et organisé la semaine dernière dans un grand hôtel du centre de Riyad, on a en effet pu voir la plupart de ces jeunes filles habillées d'une abaya colorée, et d'un voile négligemment posé sur la tête.
La commission de la promotion de la vertu et de la prévention du vice a perdu de son pouvoir.
Il y a à peine quatre ans, ce comportement considéré comme "désinvolte" et non conforme à la tradition aurait été sanctionné sur le champ par la redoutable police religieuse appelée aussi "Mutawa". Depuis avril dernier, par décret royal, la commission de la promotion de la vertu et de la prévention du vice a perdu de son pouvoir, seuls des muttawas zélés font de la résistance, tels les derniers des "Mohicans"...
On se souvient qu'il y a quatre ans, des oulémas (le clergé) avaient lancé une fatwa contre les femmes qui portaient une abaya colorée. Fort heureusement ce temps est quasiment révolu. Les abayas prennent de la couleur, les femmes de l'assurance.
Il y a 4 ans, des oulémas avaient lancé une fatwa contre les femmes qui portaient une abaya colorée. Ce temps est révolu. Les abayas prennent de la couleur, les femmes de l'assurance.
Fawzia, 25 ans, infirmière raconte: "Dans ma famille plutôt conservatrice et traditionnelle, ma soeur aînée ne pouvait pas porter le hijab, seulement le niqab. Quant à moi, la plus jeune de la fratrie de cinq enfants, il m'arrive de marcher dans la rue, dans certains quartiers, sans le voile, je me sens plus libre."
Dans le documentaire de 52 minutes coréalisé avec Bernard Casedepats, intitulé "Arabie Saoudite, paroles de femmes" (diffusé sur France 5), nos héroïnes ont témoigné voile négligemment porté et visage découvert... Elles ont pris un risque vis-à-vis de leur famille, de leurs proches, défiant parfois le poids des traditions... Un risque entièrement assumé. Force est de constater qu'elles n'avaient pas tort.
Mais dans une société très conservatrice, toutes les poches de résistance sont loin d'être éradiquées, y compris dans la sphère féminine.
Mais l'on retient qu'un vent de changement souffle dans le voile des saoudiennes.
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Clarence Rodriguez