Le «GPS européen» d'une précision inégalée va être lancé dès jeudi et sera pleinement opérationnel en 2020.
Trouver une station-service, un Pokemon voire un amant à proximité: l'Europe veut prendre toute sa place dans la géolocalisation. Elle lance jeudi les premiers services de son système de navigation Galileo, qui entend rivaliser avec le GPS américain. Un projet auquel la Suisse participe.
Un programme de navigation par satellite ne se résume pas à trouver la bonne route. Aujourd'hui, les services de positionnement ont envahi notre vie. Commander une pizza, partager sa localisation sur les réseaux sociaux, préparer un marathon... Le nombre d'applications fondées sur la navigation par satellite ne cesse de croître.
10% du PIB européen
Les objets connectés sont aussi de plus en plus nombreux à passer par les satellites pour communiquer, comme le capteur proposé aux personnes âgées et qui envoie un SOS en cas de chute, le collier qui surveille la santé de votre chat, la balise qui permet de retrouver vos clés ou de localiser vos enfants à tout moment...
Aujourd'hui, 10% du PIB européen dépend des systèmes de positionnement par satellite. D'ici 2030, ce pourcentage pourrait grimper à environ 30%, selon l'agence spatiale française (Cnes).
Précision inégalée
Le principal atout promis par le système européen par rapport à ses rivaux américain (GPS), russe (Glonass) et chinois (BeiDou): un positionnement d'une précision inégalée, de l'ordre du mètre, voire de quelques centimètres pour le service payant.
Galileo est compatible avec le GPS, ce qui permettra d'accéder aux deux systèmes simultanément pour améliorer la qualité et la fiabilité de la position.
Au démarrage, la précision de Galileo ne sera pas optimale. Il faudra attendre 2020 - date à laquelle une trentaine de satellites (contre une quinzaine actifs aujourd'hui) seront en orbite - pour que le système européen puisse offrir sa meilleure précision sur tout le globe.
Le maillage sera alors suffisant pour que le signal passe même dans les rues étroites bouchées par de hauts immeubles où pour l'instant on ne capte rien, selon le Cnes.
En temps réel
Autre avancée concrète, pour les opérations de recherche et de sauvetage: un appel de détresse sera visible, en temps réel, de n'importe où sur le globe. «Aujourd'hui, il faut au moins trois heures pour qu'une personne, perdue en mer ou en montagne soit détectée» alors qu'avec Galileo, il ne faudra que «dix minutes», explique Lucia Caudet, porte-parole de la Commission européenne.
Outre un positionnement plus précis, Galileo doit offrir deux services inexistants avec le système américain. Son signal sera d'abord daté à quelques milliardièmes de secondes près, une fonction utile par exemple pour les assurances en cas d'accident de circulation ou pour les fournisseurs d'énergie qui gèrent un réseau.
Ensuite, un système d'authentification permettra à l'utilisateur d'avoir la certitude qu'il utilise bien le signal Galileo et pas un leurre. Une garantie notamment pour les futurs véhicules autonomes face aux dangers éventuels d'un piratage à distance.
Participation suisse
Le programme Galileo, d'un budget de plus de dix milliards d'euros a été lancé en 1999 par l'Union européenne et devrait être totalement déployé et opérationnel en 2020.
En vertu d'un accord signé en décembre 2013 et ratifié en 2014, la Suisse participe au développement des systèmes de navigation par satellite (Galileo et Egnos) et est intégrée aux programmes de recherche. Le coût annuel se monte à 34 millions de francs.
Plusieurs entreprises suisses, dont RUAG, ont participé au projet. Quelque 120 horloges à résonance atomique produites par la société Temex à Neuchâtel doivent également équiper les 30 satellites européens.
ATS