Indécence :
Caractère de ce qui choque par son côté inopportun, ostentatoire, déplacé.
Contraire à la morale
Huit personnes sur la planète détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, une situation "indécente" qui "exacerbe les inégalités", dénonce l'ONG britannique Oxfam dans un rapport publié en amont du World Economic Forum (WEF) qui s'ouvre mardi 17 janvier à Davos.
Bill Gates, Warren Buffet PDG de Berkshire Hathaway, Jeff Bezos à la tête d'Amazon, Larry Elison co-fondateur d'Oracle, le maire de New York Michael Bloomberg, Mark Zuckerberg, l'homme d'affaire mexicain Carlos Slim et enfin l'espagnol Amancio Ortega, propriétaire (entre autre) de Zara possèdent à eux tous une fortune estimée à près de 426 milliards de dollars, selon les informations du site Forbes.
"Il est indécent que tant de richesse soit concentrée dans les mains d'une si infime minorité, quand on sait qu'une personne sur dix dans le monde vit avec moins de 2 dollars par jour", affirme la porte-parole d'Oxfam France Manon Aubry, citée dans le communiqué.
La France n'échappe pas aux critiques d'Oxfam. Selon l'étude, 21 milliardaires possédaient autant que les 40% les plus pauvres de la population française en 2016.
Allègements fiscaux et pression sur les salaires
Ce rapport, intitulé "Une économie au service des 99%", dévoile "comment les grandes entreprises et les individus les plus riches exacerbent les inégalités, en exploitant un système économique défaillant, en éludant l'impôt, en réduisant les salaires et en maximisant les revenus des actionnaires".
Selon l'ONG, à ce rythme, le premier "super-milliardaire" du monde "pourrait voir son patrimoine dépasser le millier de milliards de dollars dans 25 ans à peine". Pour dépenser cette somme, il faudrait "débourser un million de dollars par jour pendant 2738 ans", souligne-t-elle.
Oxfam, qui a pris l'habitude d'attirer l'attention sur les inégalités croissantes à l'occasion du WEF, qui se tiendra jusqu'à samedi à Davos, dénonce "la pression qui s'exerce sur les salaires partout dans le monde", ainsi que les allègements fiscaux dont bénéficient les entreprises ou encore le recours aux paradis fiscaux.
"Les entreprises optimisent leurs bénéfices, notamment en allégeant le plus possible leur charge fiscale, privant ainsi les Etats des ressources essentielles pour financer les politiques et les services nécessaires pour réduire les inégalités", souligne le rapport.
L'ONG, qui s'appuie sur de "nouvelles données plus précises sur la répartition de la richesse dans le monde", appelle les gouvernements à réagir et à se tourner vers une économie plus centrée sur l'humain.
"Quand les responsables politiques arrêteront d'être obsédés par le PIB et se focaliseront sur l'intérêt de l'ensemble de leurs citoyens, et non seulement d'une élite, un avenir meilleur sera possible pour toutes et tous", assure Manon Aubry.
L'an dernier, Oxfam avait déjà dénoncé que le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde avait dépassé en 2015 celui des 99% restants avec un an d'avance sur les prévisions.
Une méthodologie contestée
Les chiffres de l'Oxfam sont cependant à prendre avec des pincettes. Lors de la publication des précédentes études, plusieurs économistes avaient contesté la méthodologie utilisée par Oxfam.
Comme le soulignent les journalistes du Monde, l'ONG s'appuie en effet sur les données d'une étude annuelle menée par le Crédit Suisse. Dans cette étude, la banque suisse utilise plusieurs ressources: des enquêtes dans les pays où elle a accès, les statistiques nationales pour les pays où elle ne peut aller, et enfin, pour les pays les moins avancés, des valeurs plus approximatives, réalisées parfois en se basant sur les modèles des pays voisins.
Au-delà des données utilisées, les comparaisons établies par l'Oxfam sont également remis en question. La méthodologie utilisée fait d'un Français qui vient d'emprunter sur 25 ans pour acheter un logement quelqu'un de plus pauvre qu'un petit paysan indien sans dette.