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vendredi 3 février 2017

Pourquoi le FN attire le vote de la Génération Y alors que leurs valeurs s'opposent


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Pourquoi le FN attire le vote des "Millennials" alors que leurs valeurs s'opposent.


Au cours des dernières élections (européennes de 2014, régionales de 2015), deux tiers des jeunes ou plus se sont abstenus. Et parmi ceux qui ont voté, le plus gros score a été réalisé par le Front National. Ce vote est paradoxal. Car, dans leur grande majorité, les jeunes en âge de voter penchent nettement vers des valeurs antagonistes à celles du Front National. C'est en particulier le cas en ce qui concerne les thématiques identitaires qui sont depuis toujours au cœur de la doctrine frontiste.

Dans ce troisième volet, Sociovision et The Social Wire examinent la question des jeunes et de leur rapport à la mondialisation et à la diversité culturelle. La dernière vague de l'Observatoire de Sociovision montre que les jeunes, s'ils votaient massivement et en accord avec les convictions qu'ils expriment, ne seraient sans doute qu'une minorité à apporter leurs suffrages au parti d'extrême droite.

1. Une génération pro-mondialisation

Le repli identitaire prôné par le Front national ne se retrouve pas dans les valeurs et les opinions exprimées par les jeunes. Le Front national ne cesse de vilipender la mondialisation et ses méfaits: délocalisations, chômage, immigration... Pourtant les jeunes sont une large majorité à penser que "la mondialisation est une bonne chose pour la France." 60% des moins de 30 ans le pensent alors que moins d'un Français sur deux, en moyenne (48%), dit être d'accord avec cette affirmation.

En outre, les jeunes considèrent que la diversité actuelle est une richesse de la société française et non un facteur de division nationale. De facto, les moins de 30 ans sont plus nombreux que la moyenne des Français à soutenir l'idée que "la présence d'étrangers appartenant à d'autres cultures est une chance pour la diversité et l'avenir de la France" (64% vs. 57%).

Cette diversité est d'autant plus valorisée qu'elle va de pair avec un idéal universaliste aujourd'hui plus marqué auprès des jeunes que dans les autres générations. 72% des moins de 30 ans ont ainsi la conviction que "quel que soit le pays d'origine, les gens ont beaucoup plus de points communs que de différences". La moyenne des réponses des autres générations à cette affirmation est également élevée, mais nettement en-dessous de celle des plus jeunes (62%).

D'où le paradoxe: davantage que pour les autres générations, les valeurs de la jeune génération entrent en contradiction avec la doxa traditionnelle de l'extrême droite. Leurs idéaux devraient mécaniquement les éloigner de la tentation du vote frontiste.

2. Représentation des minorités: encore un effort !

Au-delà de ce socle de valeurs et de convictions qui les place en porte-à-faux avec l'idéologie frontiste, les jeunes ont une attitude envers les minorités et les migrants qui tranche avec le discours frontiste.

Pour eux, les minorités ne sont pas assez prises en compte dans la société actuelle. Ainsi sont-ils seulement 47% à considérer que "les minorités ethniques sont bien représentées dans les médias" contre 53% pour les autres générations. Or, il apparaît important à leurs yeux de "faciliter l'intégration des minorités ethniques" pour améliorer le fonctionnement de la société actuelle.

Dans le contexte actuel de tension mondiale, les moins de 30 ans se montrent également plus ouverts sur la question des migrants. Un jeune sur deux considère qu'il est normal "que la France accueille une partie des migrants qui arrivent des pays en guerre ou à forte tension politique" (contre 42% des Français). C'est leur façon à eux d'être fidèles aux idéaux universalistes. Et au contraire des partisans du Front National, ils ne craignent pas les effets négatifs de la présence d'étrangers dans notre société. 61% des moins de 30 ans trouvent sympathique "d'avoir un look métissé, des origines étrangères" contre 51% des Français.

Ces attitudes et ces dispositions sont évidemment peu compatibles avec les diatribes traditionnelles de l'extrême droite contre les méfaits du "métissage" engendré par la mondialisation.

3. Les jeunes sont moins "déclinistes" que les autres générations

Depuis quelques années, le sentiment s'est renforcé chez une frange non négligeable de la population française que la France était une nation en déclin et que son identité se diluait au fil des années dans une mondialisation subie, mettant en péril son héritage historique. Si cette préoccupation traverse bien aujourd'hui toutes les générations, les jeunes se démarquent par un pessimisme moins prononcé. Sur deux sujets notamment, ils expriment moins d'inquiétude que leurs aînés.

Les jeunes sont ainsi moins convaincus du déclin de la culture française. Seulement 45% disent avoir peur que "la France s'efface progressivement, que sa culture disparaisse, que sa puissance s'affaiblisse" contre une majorité dans les autres générations (56%).

Et même si beaucoup s'inquiètent de la disparition des frontières, ils sont 61% à y voir un problème contre 70% des Français.

Il est clair que les jeunes, comme une majorité de Français aujourd'hui, sont préoccupés par l'évolution du monde. Les attentats perpétrés sur le sol français en 2015 et en 2016 les ont beaucoup marqués. Pour autant, comparés à leurs aînés, ils conservent un regard plus optimiste sur le monde dans lequel ils vont devoir grandir et faire leurs preuves.

4. Le paradoxe du non-vote jeune

Le succès du FN auprès des jeunes est donc bien la conséquence d'une abstention massive et non le résultat d'une adhésion à ses valeurs. Seule une partie de la jeunesse, minoritaire, y adhère –cette jeunesse "périphérique" qui décroche et qui ne parvient plus à se projeter dans l'avenir. Au cours des derniers scrutins, c'est elle qui s'est le plus exprimée.

Mais si tous les jeunes en âge de voter se déplaçaient dans les urnes pour y traduire leurs valeurs, il y a fort à parier que leur bulletin ne serait pas celui de l'extrême droite. Quel serait-il alors? Quels seraient les candidats qui traduiraient le mieux leurs idéaux? La prochaine élection le dira.

* Le terme "Millennials" (Génération Y) a été forgé par deux historiens américains spécialistes des générations, Neil Howe et William Strauss dans "Millennials Rising. The Next Great Generation". Il désigne les personnes nées entre 1985 et 2000 qui ont grandi avec Internet.

MÉTHODOLOGIE DE L'ENQUÊTE

Ces analyses reposent sur les données collectées dans la vague 2016 de l'Observatoire des Français de Sociovision. Depuis 1975, celui-ci interroge chaque année un échantillon représentatif de 2000 Français âgés de 15 à 74 ans sur de très nombreuses dimensions : valeurs, opinions, état d'esprit, loisirs, modes de consommation, etc. Les données qualitatives reposent sur des enquêtes qualitatives sur les médias sociaux menées auprès de Millennials entre septembre 2015 et janvier 2016.

L'ŒIL DU WEB PAR THE SOCIAL WIRE :

Voter: un refuge identitaire en déclin

Le besoin de s'identifier est universel et particulièrement prégnant chez les jeunes qui construisent leur avenir à un moment clé de leur vie: au sortir de leur adolescence.

1/Pour les jeunes, le vote renvoie à une tradition nationale

Les jeunes sont en quête d'un nouveau modèle de représentation qui leur ressemble. En ce sens, le vote apparaît comme l'héritage d'un système "archaïque", aux frontières nationales, qui ne fait pas vraiment partie de leur ADN. C'est un marqueur identitaire traditionnel dans lequel beaucoup ne se reconnaissent pas... ou plus.

"Entre aller à la messe le dimanche et aller voter, finalement qu'est-ce qui est le plus risible? Dans les deux cas tu demandes à quelqu'un d'autre de s'occuper de tes affaires à ta place. Dans les deux cas on te fait croire que ça va marcher et dans les deux cas tu finis par regretter." (Propos recueillis sur Facebook)

2/ Pour les jeunes, l'identité s'internationalise

L'identité des jeunes n'a plus de frontière. L'avènement des réseaux sociaux y est évidemment pour beaucoup mais pas seulement. On trouve beaucoup de discussions sur les médias sociaux au sujet de leur expérience Erasmus. Ils partagent un même constat depuis 30 ans: celle-ci leur a permis de comprendre et surtout de mesurer par eux-mêmes que les enjeux qui les concernaient le plus n'étaient pas français, mais bien européens.

"Je me sens européenne. En grande partie grâce à l'école: les échanges scolaires, Erasmus." (Propos recueillis sur Twitter)

D'autre part, ce programme permet aux jeunes Français de se destiner à un avenir en dehors des frontières nationales –plus en cohérence avec leur état d'esprit "mondialisé".

"On fête aujourd'hui les 30 ans d'Erasmus... Programme européen d'échanges étudiants dont certains d'entre nous ont bénéficié avec bonheur... Vous vous reconnaîtrez! Je souhaite longue vie à ce programme. Puissent nos enfants encore en bénéficier: rencontrer l'autre reste encore aujourd'hui le meilleur rempart aux clichés et au rejet." (Propos recueillis sur Facebook)

3/ L'abstention, une solution pour les jeunes?

Avec un vote statique qui ne répond plus à leur identité en mouvement, les jeunes sont de plus en plus nombreux à se tourner vers l'abstention. Qui est devenu un acte politique de plus en plus affirmé, si bien qu'elle en devient un nouveau marqueur identitaire pour de nombreux jeunes. L'abstention est un engagement qu'on retrouve, organisé, revendiqué, argumenté sur les médias sociaux. Par exemple sur la page Facebook du collectif du "Salon des Vrai Democrates" (5200 Likes).

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"Voilà, pour Fillon, la première dame c'est ça... Dans un régime oligarchique, ce sont des situations normales. Dans un régime démocratique, sans doute un peu moins. A vous de juger si vous soutenez ou non ce système. Nous, nous lui tournerons le dos en nous abstenant." (Propos recueillis sur Facebook)

Une revendication qui s'affirme également en musique, comme le titre d'Aimeric Bordot "Abstentionniste et fier de l'être ", (3 200 vues sur Youtube).

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Analyse à partir des données issues du web social (posts à propos du sujet "Politique" par les jeunes de 18 à 35 ans sur Facebook, Twitter, Instagram et forum)