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mardi 16 mai 2017

Olivier Guéniat, la mort d’un flic humaniste


Les hommages de confrères, politiques ou simples citoyens se multiplient 
après l’annonce du décès du chef de la police judiciaire neuchâteloise


Décès brutal et vive émotion. Après la mort d’Olivier Guéniat, chef de la police judiciaire neuchâteloise, lundi après-midi, les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux. Une vague de réactions à la hauteur d’un homme qui avait marqué les esprits, bien au-delà du cercle médiatique ou académique, et de sa corporation. L’archétype du flic humaniste, pédagogue, criminologue brillant dans l’opérationnel comme dans ses réflexions. «Le meilleur, le plus juste, le plus avant-gardiste, estime une internaute. C’est une tragédie.»

Au lendemain de sa disparition, la profession entière est en deuil. Rebecca Ruiz, criminologue et conseillère nationale socialiste, déclare sur Twitter: «Immense tristesse. Olivier Guéniat était un professeur fabuleux, un policier pragmatique et un intellectuel brillant.» Sur son blog, le formateur et conseiller en gouvernance Frédéric Maillard déplore: «Un policier d’audace et de talent s’en est allé. Nous devrons poursuivre les réformes de nos polices sans lui. Dans le dernier message qu’il m’a adressé, il y a peu, il s’insurgeait, une fois de plus, contre la militarisation de son métier.»

Contre une répression aveugle

Expert dans le domaine des drogues et de la délinquance juvénile, le Jurassien de 50 ans développait un propos visionnaire et progressiste, avec le souci permanent de dépasser les solutions toutes faites. «Olivier Guéniat n’aura eu de cesse de déconstruire les idées reçues en matière de sécurité. Ses contributions stimuleront nos réflexions», salue le député socialiste vaudois @JeanTschopp.

Fermement opposé à la répression aveugle, il soutenait par exemple une régulation du cannabis, «moins nocif que l’alcool», comme il l’affirmait encore en mars 2016 dans les colonnes du Temps. Sa «compréhension percutante des addictions et de la jeunesse», comme le décrit le psychologue @niels_weber, laissera assurément un vide.

A l’écoute de la jeunesse

Au sein de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse, l’empreinte du ténor de la police neuchâteloise est palpable. «La #CFEJ a pu bénéficier de l’intelligence, du pragmatisme et de l’humour d’Olivier Guéniat pendant huit ans. Tu vas sacrément nous manquer», déplore sa vice-présidente, Emilie Graff, sur Twitter.

«Un regard bienveillant, juste, documenté sur les jeunes, loin du cliché tous délinquants #cfej en deuil», ajoute encore le délégué vaudois à l’enfance et à la jeunesse, @fredcerchia, tandis que la vidéo d’une conférence animée en mars dernier par le défunt circule sur Internet.

Franc-parler

Lucide sur les incohérences de la politique criminelle, Olivier Guéniat l’était aussi sur les discriminations de toutes sortes. En décembre dernier, lors d’une discussion sur l’augmentation des contrôles au faciès, expression d’un racisme ordinaire, il avait déclaré sans ambages: «La réalité du trafic de drogue est telle qu’il ne fait pas bon errer de nuit dans les quartiers chauds lorsqu’on est jeune et Noir.» Preuve que la passion qui l’animait ne l’empêchait pas de jeter un regard critique sur les failles d’une profession qu’il exerçait depuis plus de vingt ans.

Au-delà de ses compétences, c’est aussi ce profil «anti-langue de bois» qui en avait fait un interlocuteur de référence pour les journalistes suisses et internationaux. De Darius Rochebin, de la RTS, à Raphaël Leroy, du Matin Dimanche, beaucoup lui rendent aujourd’hui un dernier hommage.

«La juste mort d’un visionnaire»

Face au brouillard qui entoure encore sa mort, un internaute trouve les mots justes. «Pour ne pas avoir compris l’épilogue de son œuvre je me contenterai à l’avenir de tenter de résoudre ses interrogations. C’est peut-être cela la juste mort d’un visionnaire.»


Sylvia Revello