Ma ville est libre. Ville libre !
De bas en haut,
de bleu en blanc,
Elle est centrée en Equilibre,
Elle est solide en ses courants,
Sous la chaleur ou dans le givre,
J'entends son cœur battre en mon sang,
Elle est tsarine et vient du Tibre,
Sa cathédrale d'Orient,
Tu es libre en tes sentiments,
Les sons de fête en bout de nuit,
Charivari des bons vivants,
Goudron luisant et confettis,
Coup d'éclats sur les pavés gris,
les conversations sur tes bancs
Animent l'histoire au présent,
Tu es libre en tes sentiments,
Tu es libre en tes traditions,
Trace au kebab sur le bredzon,
La Poya te devient un pont,
Tu vis à l'heure pendulaire,
Mais tu te souviens des grands noms:
Seppi et Jean, Arlette, Hubert,
Bouby Blues à l'accordéon,
Tu es libre en tes traditions,
Tu es libre, forte et sans haine,
Aux visages de tes fontaines:
Le Sauvage tutoie Saint-pierre,
Samson et la Samaritaine,
Dans la nef louange et prière,
Aux bistrots les chants et la bière,
La confession aux sommelières,
Tu es libre, forte et sans haine,
Tu es libre en ton écriture,
Aucun pouvoir ne te contraint,
La dictée d'une dictature
N'est pas inscrite dans ta main,
Tes remparts ne sont pas des murs,
Tes tours se changent en moulins,
Broyant le grain de deux cultures,
Tu es libre en ton écriture,
Tu es libre en tes atmosphères,
Allant, dansant, processionnant,
Tu es radieuse au gré du vent,
Contemplée par les montgolfières,
Tu es frivole, tu es austère,
Tu maîtrise le poids des ans
En adulte et non en pubère,
Tu es libre en tes atmosphères,
Tu es libre et tu en est fière,
Tu es bâtie comme à la guerre,
Un tilleul pourtant t'adoucit,
Plus paisible que téméraire,
Ton seul combat, ton ennemi,
Assiège longtemps tes parvis;
Tu es en froid avec l'hiver,
Tu es libre et tu en est fière,
Tu es libre en tes fondements,
Née du sable dur de ta pierre,
Savante sans rien d'arrogant,
Parmi les volutes d'encens,
Tu sais aussi selon la chair
Offrir d'autres parfums dans l'air,
Tu suis tes courbes de rivières,
Tu es libre en tes fondements,
Tu es libre en tes souvenirs,
Ton passé pauvre te revient,
Les fins de mois aux longs soupirs,
L'exil dans un pays lointain,
La résilience par le rire,
Prendre du bonheur pour un rien,
Ton passé simple fait plaisir,
Tu es libre en tes souvenirs.
Michel Simonet