En Suisse, la démocratie directe est forte, mais la politique n’est pas une branche scolaire. Les cantons insistent désormais pour qu’on l’introduise.
Que se passe-t-il avec les jeunes en Suisse? Sont-ils des blasés de la politique? Voire même des «délaissés de la démocratie»? Il n’est guère de débat politique qui ne rappelle la participation pitoyable du groupe d’âge des 18-25 ans? Mais que faire?
La réponse dépend de qui pose la question. C’est aussi un jeu politique subtil. Règle de base: ne pas attaquer au niveau fédéral. Car là, les demandes pour davantage de formation politique s’enlisent régulièrement.
Il serait injuste de blâmer uniquement la jeunesse dans les écoles. Xenia et Santiago, deux lycéens du Valais, sont pleins d’enthousiasme pour ce qui touche aux élections et votations et n’attendent que la majorité. «J’irai certainement voter», déclare Xenia.
Mais tous deux ont le sentiment de ne pas avoir assez de connaissances en politique, comme ils l’expliquent dans un reportage de la radio publique alémanique SRF. «Je trouve qu’à l’école, on devrait beaucoup plus s’occuper de politique», plaide Santiago.
Pourtant, leur école secondaire leur propose depuis l’été deux heures d’instruction civique par semaine. Mais comme cela se fait dans de nombreux cantons suisses, celles-ci font partie du programme d’histoire. Et la manière dont cet enseignement est dispensé est fortement laissée à l’appréciation du professeur.
Les cantons en action
Mais maintenant, la pression vient d’en bas. Dans le canton de Bâle-Ville, les jeunes libéraux-radicaux (droite) ont lancé cet été une initiative populaire pour l’introduction d’une branche «politique» à l’école.
Au Tessin, c’est déjà chose faite. A fin septembre, les citoyennes et citoyens du canton italophone ont dit oui à l’initiative «Civica», qui prévoit l’introduction de deux heures mensuelles appelées «Education civique, à la citoyenneté et à la démocratie directe».
Il faut mentionner également le canton de Genève. La formation politique n’y est certes pas non plus une branche en soi, mais une partie du programme d’histoire. Mais la chancellerie d’Etat offre aux élèves genevois quatre à cinq occasions par année de participer à des projets inspirés du quotidien politique et démocratique
L’idée est d’être le plus proche possible de la réalité. Ainsi, les élèves peuvent participer à un jeu de rôle dans la salle même du parlement cantonal, pour s’essayer à élaborer des lois pour les citoyens, à nouer des alliances ou à surveiller de près le gouvernement et l’administration.
Aussi bonnes que soient ces initiatives, elles n’ont hélas pas (encore) donné les effets escomptés. Même à Genève, la participation des jeunes citoyens aux élections et votations n’augmente pas, comme l’a montré une étude de 2015.
Renat Kuenzi