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mardi 7 novembre 2017

Avoir des enfants est un réel risque de pauvreté


Les personnes dépendant de l'aide sociale sont toujours plus nombreuses en Suisse. Selon un rapport élaboré par la Haute école spécialisée bernoise à l'initiative des villes pour la politique sociale, le nombre de dossiers étudiés a augmenté de 5,2% en 2016, alors que les années précédentes, cette augmentation était inférieure à 3%, révèle l'enquête présentée mardi à Berne à la presse.

Ce taux a été mesuré dans 14 villes du pays, dont Lausanne et Bienne, qui regroupent à elles seules 26% des bénéficaires de l'aide sociale inscrits en Suisse. Quatorze villes dans lesquelles le chômage marque presque partout une hausse, notamment à Bienne.

Personnes seules et familles monoparentales

Pour la première fois, ce rapport, qui en est à sa 18e édition, mesure aussi le risque de dépendre de l'aide sociale selon le type de ménage et de famille. Le plus souvent soit dans le 70% des cas, ce sont les personnes seules qui sont les plus touchées, selon l'étude. Les familles monoparentales viennent en 2e position et représentent entre 15 et 21,5% des cas.

Par ailleurs, dans toutes les villes étudiées, les ménages comprenant au moins un mineur sont plus susceptibles de dépendre de l'aide sociale que les ménages sans enfant. Ce qui fait dire aux auteurs de l'étude qu'avoir un enfant représente en soi un risque de pauvreté. Un risque particulièrement élevé pour les mères de moins de 25 ans qui élèvent seules leur enfant. Dans cette catégorie, elles sont en effet plus de 80% à dépendre de l'aide sociale.

Etrangers non-européens

Le risque de dépendre de l'aide sociale augmente aussi pour la population étrangère et de plus en plus de ressortissants de pays hors de l'Europe doivent y avoir recours. Il y a en outre des différences entre l'est et l'ouest de la Suisse. Ainsi le risque est plus grand dans les villes de Suisse occidentale et dans les grandes villes alémaniques, que dans les petites villes d'outre-Sarine. Enfin, le rapport indique que la durée moyenne de soutien par les services sociaux est toujours d'environ trois ans et demi (42 mois), une durée stable par rapport à l'année précédente.

Face à ces chiffres inquiétants, en particulier quand des enfants sont concernés, bon nombre de grandes villes, notamment Berne et Bâle, ont réagi via des programmes spécifiques pour les familles monoparentales, souligne l'initiative des villes pour la politique sociale. Celle-ci estime toutefois qu'il faut prévoir davantage de structures d'accueil extrafamilial et à un prix abordable pour assurer la comptabilité entre travail et famille.

L'exemple de Lausanne

L'iniative des villes souligne par ailleurs l'efficacité des systèmes sociaux de la ville de Lausanne, qui est étonnante, selon elle. Contrairement aux autres villes, le nombre de personnes dépendant de l'aide sociale y a en effet diminué considérablement depuis 2012. Ceci grâce aux prestations introduites récemment par le canton de Vaud, à l'image des prestations complémentaires pour familles, des rentes-pont ou des programmes ciblés pour jeunes adultes.

Enfin, la question de la précarisation croissante de la population étrangère fait également réagir l'initiative des villes. Elle estime dès lors essentiel d'engager des mesures d'intégration dans le domaine de l'asile le plus rapidement possible. En outre, comme le statut de séjour de l'admission provisoire entrave l'intégration dans le monde du travail, elle soutient clairement la création d'un nouveau statut de protection, comme le propose le Conseil fédéral, indique-t-elle.