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samedi 30 décembre 2017

La véritable histoire des gangs de New York


Des Bowery Boys aux Dead Rabbits, découvrez les terribles gangs new-yorkais qui régnaient sur le quartier de Five Points au 19e siècle.

Le véritable berceau de la pègre aux États-Unis était un quartier délabré et mal-famé de Manhattan appelé Five Points. Il s’apparentait à un bidonville où vivaient les plus pauvres et les plus démunis : ouvriers travaillant dans des ateliers clandestins, immigrés et esclaves libres, qui tentaient de survivre dans l’Enfer de Five Points.

Dans ses rues, la vie était difficile, violente, et souvent très courte. Les gangs mettaient la ville à feu et à sang, des émeutes raciales éclataient régulièrement, et les maladies se répandaient comme une trainée de poudre. Un lieu fréquenté par les voleurs célèbre pour ses bordels… et pour ses gangs particulièrement violents.

Le quartier de Five Points en 1827, par le peintre George Catlin


Ces gangs utilisant des signes distinctifs sont apparus à Manhattan au début du 19e siècle. Les Bowery Boys, composés principalement de pompiers, arboraient des chemises rouges et des chapeaux haut de forme, les Shirt Tails (littéralement les queues de chemise) portaient des chemises débraillées, les Plug Uglies des chapeaux de castor surdimensionnés, tandis que les Dead Rabbits avaient l’habitude de jeter un lapin mort aux pieds de leurs adversaires avant une bagarre.

Les Bowery Boys, probablement le plus infâme des gangs nativistes de l’époque avec les Plug Uglies, avait été fondé par le terrible Bill « Le Boucher » Poole, un athlète pratiquant le pugilat qui inspira le personnage du même nom dans le film Gangs of New York de Scorcese. Poole fut finalement abattu en 1855 d’une balle dans le dos par des associés de John Morrissey, son rival.

Des membres du Shirt Tail Gang prennent la pose


Morrissey dirigeait les Dead Rabbits, un gang d’irlandais qui se heurtait fréquemment aux Bowery Boys, qui tentaient comme eux de s’attirer les faveurs des nouveaux arrivants. Morrisey, reconnu comme un bagarreur hors-pair, a plus tard dépassé sa modeste condition en devenant membre du Congrès Américain, en grande partie grâce aux relations qu’il avait nouées avec la Tammany Hall, une organisation new-yorkaise associée au parti démocrate.

Tous les gangs de Five Points avaient leurs propres revendications, et des bagarres éclataient sans arrêt. Les Bowery Boys utilisaient la violence pour empêcher d’autres pompiers d’obtenir les contrats qu’ils convoitaient, tandis que les gangs irlandais comme les Dead Rabbits affirmaient combattre les discriminations dont ils étaient victimes.

Le Old Brewery était réputé pour être un véritable coupe-gorge


Ce quartier délabré était à l’époque celui où le taux de meurtres était le plus élevé. Selon la légende, au moins un meurtre était commis chaque nuit dans l’immeuble « Old Brewery ».

Les fortes tensions identitaires ont peu à peu conduit les gangs de Five Points à s’opposer les uns aux autres. Les Bowery Boys se sont alignés sur le Parti Nativiste Américain, un groupe politique anti-catholique croyant que l’Amérique appartenait uniquement aux blancs qui l’avaient colonisé.

Mais ceux-ci se sont rapidement sentis menacés lorsque les irlandais victimes de la terrible famine qui frappait leur pays ont commencé à affluer en nombre sur les côtes américaines.

Les Dead Rabbits affrontant le Bowery Boys


De nombreuses émeutes et bagarres ont éclaté entre les Bowery Boys et les Dead Rabbits irlandais, et au cours d’une terrible bataille ayant duré deux jours, près de 1 000 personnes sont descendues dans les rues de New York pour en découdre et mettre la ville à feu et à sang. À l’issue de l’affrontement, on dénombrait huit morts et près d’une centaine de blessés.

Les habitants du quartier vivaient dans des conditions déplorables


Alors que la Guerre de Sécession battait son plein en 1863, les émeutes raciales reprenaient de plus bel. Écœurés d’être réquisitionnés et envoyés sur les champs de bataille pour combattre aux côtés de l’Union, les Irlandais s’en prenaient aux populations noires de la ville, brûlaient magasins et orphelinats, et tuaient plus d’une centaine de personnes.

Durant près de cent ans, les gangs de Five Points ont régné en maitres sur le sud de Manhattan. Les choses ont finalement changé lorsque le photographe Jacob Riis a documenté la vie des habitants du quartier au travers de son célèbre ouvrage intitulé « Comment l’autre moitié vit » et de photographies sidérantes.

En révélant l’extrême pauvreté dans laquelle vivaient les habitants de Five Points, les travaux du photographe ont poussé les pouvoirs publics à agir.


Mulberry Bend, au cœur du quartier de Five Points, vers 1900


Five Points a ensuite été entièrement démoli, ses gangs ont disparu, et le visage de New-York a peu à peu évolué, pour devenir cette ville particulièrement cosmopolite que nous connaissons aujourd’hui, où les inégalités et la pauvreté subsistent.