L'Union suisse des paysans (USP) est stupéfaite par la nouvelle restructuration d'Agroscope, annoncée vendredi. Elle remet en question les intentions et la manière de procéder du Conseil fédéral.
«Un affront pour tous les employés»
Dans un communiqué diffusé lundi, l'USP fait valoir que «les nombreux défis auxquels doit faire face l'agriculture suggèrent que la recherche axée sur la pratique devrait être développée plutôt que restreinte». L'Union suisse des paysans déplore en outre le fait que le gouvernement procède sans avoir consulté les parties concernées.
Jusqu'à 600 emplois seraient touchés, selon l'USP. D'après Erik Reumann, porte-parole du Département fédéral de l'économie, il est trop tôt pour avancer un chiffre. L'USP compte se défendre contre les coupes annoncées, car l'agriculture dépend «de toute urgence de la recherche agricole».
«L'attitude du gouvernement est un affront pour tous les employés d'Agroscope qui, las de vivre dans une situation incertaine depuis des années, perdent beaucoup de temps et d'énergie au détriment des travaux de recherche», poursuit l'USP.
Restructuration d'Agroscope
Vendredi dernier, le Conseil fédéral a annoncé qu'il trancherait cet été sur l'ampleur de la réforme d'Agroscope. L'institut doit se concentrer sur sa mission de centre de recherches agricoles spécialisé. Il pourrait perdre 20% de son budget.
La restructuration ne se fera pas sans suppressions de postes. Mais grâce notamment aux fluctuations naturelles du personnel, la réforme sera «socialement supportable», d'après le gouvernement.
Au cours des dix dernières années, les sept instituts indépendants ont été regroupés en trois entités, puis réunis sous un toit en 2014. Vingt-quatre postes de cadres ont disparu au profit de dix nouveaux postes. Et la conduite d'Agroscope a été simplifiée, souligne le gouvernement.
Aujourd'hui, les frais d'exploitation représentent 40% du budget. Ils doivent être réduits au profit d'un renforcement de la recherche. Une concentration géographique est envisagée sur le site de Posieux (FR).
Ferments lactiques
La Confédération ne sera bientôt plus responsable de la production des ferments lactiques, essentiels à la fabrication des fromages suisses. Une société anonyme helvétique devrait prendre le relais.
Le nouveau gérant de ces cultures, mélanges de bactéries ajoutées au lait, doit entre autres conditions avoir une assise solide auprès des acteurs de la branche fromagère et laitière suisse, a fait savoir dimanche Erik Reumann.
Des négociations sont en cours pour qu'une société suisse reprenne le rôle attribué depuis plus d'un siècle à la Station fédérale de recherche Agroscope. L'institut collecte auprès des meilleures fromageries du pays des bactéries lactiques, les reproduit dans son laboratoire de Liebefeld (BE), puis les revend aux fromagers.
Le développement continu de nouvelles cultures entraîne une hausse des investissements au-delà des capacités financières d'Agroscope. C'est l'une des raisons qui a poussé la Confédération à privatiser la production de ferments lactiques.
ATS