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dimanche 6 mai 2018

Dreamcatcher (l’attrape-rêves); la passionnante histoire d’un objet mystérieux




Le capteur de rêves, ou « dreamcatcher », est composé d’un cerceau, principalement en saule, d’un réseau de fils de la forme d’une toile d’araignée comportant un trou au centre et de nombreuses décorations, comme des plumes ou des perles. Utilisé pour contrôler son sommeil, l’objet filtrerait les cauchemars envoyés par les esprits et conserverait les rêves.

Cet objet est un héritage de la nation Ojibwé. Installés dans la région des Grands Lacs, puis dans les Prairies au Canada, les Ojibwés avaient une vie semi-sédentaire dans leurs wigwams, habitations en écorces de bouleau, de genévrier et branches de saule. Pêcheurs et chasseurs cultivant diverses ressources comme le maïs, les Ojibwés étaient divisés en clans.

cinq chefs ojibwé au XIXe siècle


Nommés selon des totems animaux, ces clans fonctionnaient comme des petits gouvernements indépendants. Selon le recensement de William Whipple Warren, 21 totems ont été décomptés. Aujourd’hui, les Ojibwés restent le troisième groupe amérindien d’Amérique du Nord. Le peuple et la culture ojibwés sont bien vivants ; chaque été, des « pow wows », rassemblements nord-amérindiens, ont lieu dans diverses réserves des États-Unis et du Canada.

Appelé « asubakatchin » en ojibwé, le capteur de rêves était à l’origine destiné aux enfants. De nombreuses légendes tentent d’expliquer l’origine et le fonctionnement du capteur de rêves. Selon la culture huronne, première nation nord-amérindienne, les humains font tous partie du Grand Esprit, créateur de la nature et des hommes.




Celui-ci nous suggère des rêves afin que nous puissions mieux nous comprendre. Le rêve sert de véhicule permettant l’échange entre l’Homme et le Grand Esprit. Ainsi le rêve est considéré comme l’expression des besoins de l’âme.

Deux légendes reviennent souvent au sujet des dreamcatchers. La première conte l’histoire d’un Amérindien qui partit à la chasse pour aller chercher le repas pour ses frères et sœurs. A la recherche d’un orignal, il traversa rivières et fleuves sans rien apercevoir à chasser. Il décida alors de partir vers une montagne. En chemin, il aperçut une grotte immense et y entra plein d’espoir. Dans la grotte, il sentit un esprit malveillant ; c’est alors qu’une bête horrible surgit. L’homme sursauta et s’enfuit terrorisé.



Le soir même, il n’arriva pas à trouver le sommeil. Dès qu’il s’endormait, il voyait la bête prête à le dévorer. Nuit après nuit, l’homme ne pouvait plus dormir paisiblement. Une nuit, l’homme se leva après un cauchemar et partit vers la forêt. Exténué, il s’endormit sur un sol couvert de branchages. A son réveil, l’homme était impressionné ; il n’avait fait aucun cauchemar. Il aperçut alors une toile d’araignée où perlait la rosée du matin.

Il recommença alors chaque jour et raconta cette histoire à son peuple, qui adopta la même technique.

La seconde légende est bien plus spirituelle. Un jour, un vieux chef lakota, une tribu amérindienne, eut une vision au sommet d’une montagne. Sous la forme d’une araignée, l’esprit farceur et sage d’Iktomi lui apparut. Tout en lui parlant des cycles de la vie, l’araignée tissa sa toile dans le cerceau en saule du chef décoré avec des poils de chevaux, des plumes et des perles. A propos des cycles de la vie, Iktomi expliqua que des forces opposées étaient toujours présentes.

Selon lui, les forces positives pousseront toujours l’Homme vers la bonne direction, contrairement aux forces négatives qui le feront souffrir. Ces forces influencent l’homme dans sa relation d’harmonie avec la nature. Une fois son discours terminé, l’araignée donna le cercle, le premier capteur de rêves, au chef lakota. Selon l’esprit, la toile filtrerait les bonnes idées permettant ainsi aux gens de les exploiter. Ainsi, selon la légende, le dreamcatcher contiendrait la destinée du futur de son détenteur.

La représentation moderne de l’esprit Iktomi 


De nos jours, le capteur de rêves s’est démocratisé, perdant ainsi de sa substance spirituelle. Beaucoup de « dreamcatchers » sont désormais fabriqués à des fins commerciales, au grand dam de la communauté amérindienne. 

Considérant ces pratiques comme une mauvaise forme de l’appropriation culturelle, les Amérindiens ont réussi à mettre en place des lois de régulation. En effet, depuis 1990, l’Acte des arts et de l’artisanat indien réglemente la représentation et le marketing de cet héritage artisanal.


Des attrape-rêves vendus désormais partout 

Margaux Carpentier