Entre 1935 et 1945, les nazis ont tout mis en oeuvre pour créer une race aryenne qu’ils considéraient comme une race « pure » et « supérieure ». En effet, un ensemble de centres ont été conçus afin de permettre la reproduction d’une race blanche, blonde aux yeux bleus. On appelle cette organisation le Lebensborn…
Le Lebensborn (littéralement, la « fontaine de vie ») est un ensemble de foyers, de maternités et de crèches qui ont été créés dans le cadre d’une « sélection raciale ». Ce programme a vu le jour le 12 décembre 1935, sous l’égide de Heinrich Himmler.
Himmler avec une petite fille de « type aryen » en 1935
Avant la Seconde Guerre mondiale, une dizaine de centres ont été créés en Allemagne, où sont nés plus de 8000 enfants. Puis deux établissements ont été créés en Autriche, avant qu’une dizaine de centres soient ouverts en Norvège, où la « race nordique » fascinait les nazis. Entre 9000 et 12 000 enfants seraient nés dans ces centres…
Les femmes dites « de race aryenne » des pays occupés étaient amenées à procréer avec des aryens « pure souche », notamment les SS. Pour se revendiquer de cette « élite raciale », les soldats et officiers devaient prouver la pureté de leurs origines depuis au moins 1750.
Ces femmes vivaient leur grossesse dans ces centres et pouvaient y accoucher dans l’anonymat. Leurs bébés étaient ainsi sous la tutelle du régime nazi qui projetait d’en faire la race supérieure, l’élite. Les enfants pouvaient être adoptés par des familles allemandes et éduqués afin de régner sur le IIIe Reich qui était censé durer 1000 ans.
Des milliers d’enfants blonds aux yeux bleus ont été arrachés à leurs familles dans tous les pays occupés, surtout la Norvège, la Pologne et la Tchécoslovaquie, et placés dans ces centres. Ces enfants qui ont été séparés de leurs véritables parents représentent 1/5e des enfants nés de Lebensborn. Un de ces centres a été créé en France, au nord-est de Paris. Et si les nazis n’en ont pas fait plus sur ce territoire, c’est qu’ils considéraient les Français comme un peuple « abâtardi » et « radicalement non valable » selon l’historien Fabrice Virgili (Naître Ennemi, 2009).
De nombreuses personnes sont nées de ces « fabriques à enfants parfaits », et leur origine leur a été cachée une grande partie de leur enfance. Erwin Grinski est l’un de ces enfants. Sur le journal Le Parisien, il témoigne. Erwan a séjourné à la maternité de Lamorlay quelques mois avec sa mère, qui a longtemps gardé pour elle les circonstances de sa naissance. « Elle m’a dit que mon géniteur travaillait à la Croix-Rouge allemande, c’est tout. Je n’ai jamais cherché à en savoir plus. » confie-t-il. Il n’apprendra qu’en 2009 qu’il est un enfant issu de Lebensborn, et que son « géniteur » (comme il le dit lui-même) « était en réalité officier SS.
Si la Seconde Guerre mondiale a une place aussi importante dans la mémoire collective occidentale, c’est que ce génocide a dépassé, et de loin, les actes inhumains que l’on croyait possibles.
Pauline Collette